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CAMEROUN : trois lycéens en prison pour une blague par SMS font appel

Afuh, Azah  et Fomusoh ont été condamnés à dix ans de détention pour avoir échangé une plaisanterie sur Boko Haram. Leur procès en appel est prévu le 17 août.

…Le 2 novembre 2016, trois amis lycéens, Afuh Nivelle Nfor, Azah Levis Gob et Fomusoh Ivo Feh, écopaient d’une peine de dix ans de prison ferme prononcée par le tribunal militaire de Yaoundé, au Cameroun, pour « non-dénonciation d’actes terroristes ». Leur tort ? Avoir partagé par SMS une blague sur le groupe islamiste nigérian Boko Haram, qui ne cesse de commettre des attentats dans le nord du Cameroun.

Tout commence en décembre 2014. Azah Levis Gob reçoit d’un ami le SMS suivant, en anglais :

   « Boko Haram recrute des jeunes de 14 ans et plus. Conditions de recrutement : avoir validé quatre matières et la religion au baccalauréat. »

La plaisanterie le « fait rire ». Le jeune homme, tout juste bachelier à l’époque, transfère le SMS à son ami Fomusoh Ivo Feh, qui le fait suivre à son tour à Afuh Nivelle Nfor, alors élève en classe de première au lycée bilingue de Deido, à Douala. Le SMS est découvert par l’un de ses enseignants, qui alerte aussitôt la police. Les trois élèves sont immédiatement arrêtés et écroués à la prison centrale de Yaoundé. Condamnés à dix ans de prison en première instance, ils ont fait appel…

Amnesty International a dénoncé cette condamnation et invité les autorités camerounaises à libérer les trois jeunes. Plus de 300 000 signatures à travers le monde, parmi lesquelles celles du footballeur camerounais Patrick Mboma et du milliardaire britannique Richard Branson, ont été récoltées pour demander au président Paul Biya de relâcher ces plaisantins. En vain !…

Accusations de tortures

Dans son dernier rapport publié le 20 juillet et intitulé « Chambres de torture secrètes au Cameroun », l’organisation de défense des droits de l’homme se désole que « le recours à la torture par des agents de l’Etat dans le cadre de la lutte contre Boko Haram soit aujourd’hui (…) banalisé, et ce en toute impunité ».

Selon elle, après leur arrestation, Nivelle, Levis et Fomusoh ont été « maintenus en détention avec les jambes entravées au niveau des chevilles » pendant quatre mois. Les « entraves » n’ont été retirées que lorsque leurs avocats ont déposé une demande auprès du juge d’instruction.

Des accusations de torture balayées d’un revers de la main par le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement camerounais. « Aucune exaction, de quelque nature que ce soit, n’est tolérée au sein de nos propres forces de défense et de sécurité dans les différentes actions qu’elles mènent au plan opérationnel », a déclaré Issa Tchiroma Bakary au cours d’un point presse.

Pour les avocats des jeunes élèves, si le SMS « amusant » avait « réellement » un lien avec la secte islamiste, il aurait été accompagné d’un numéro de téléphone des potentiels recruteurs de Boko Haram. « Ce n’était pas le cas. Le tribunal militaire n’a pas été juste dans sa décision et c’est pourquoi nous avons fait appel, précise l’un de leurs défenseurs, Me Boniface Mbandam. Nous voulons que la Cour d’appel réexamine l’affaire en partant de zéro. »

 « Cette sentence ne se justifie pas sur le plan légal, car il a été clairement démontré que le SMS a été échangé dans un cadre amical, sans lien avec une organisation étrangère ou terroriste, renchérit l’avocate Victorine Chantal Edzengte Modo. Ces enfants ont déjà perdu trois années de leur vie, de leurs études. Ils sont psychologiquement touchés. »

Mis au programme le 16 mars, le procès en appel ne s’est toujours pas ouvert. Il a été à chaque fois renvoyé pour « prestation de serment des assesseurs ». La prochaine audience est prévue jeudi 17 août…

Affaire à suivre

Lemonde

 

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