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Tortures au Conseil de l’Entente : «La mort était encore plus enviable que la vie», Mousbila Sankara, témoin dans le procès Thomas Sankara

Le procès Thomas Sankara s’est poursuivi avec la comparution de Ernest Nongma Ouédraogo. Ministre de l’administration territoriale et de la sécurité au moment des faits, le témoin semble n’avoir pas assez pour éclairer les lanternes de la chambre. «On attendait pourtant mieux que ce vous avez déposé», a souligné le président du Tribunal Urbain Méda.

En tant que ministre de la l’Administration territoriale et de la sécurité, dites-nous davantage sur la création de la FIMATS ? Interroge Me Mathieu Somé de la défense

La FIMATS a été officiellement créée le 14 octobre 1987 par décret pris en Conseil des ministres. Cette force devrait être sous la responsabilité de Vincent Askia Sigué.

Comment un corps a été mis en place le 14 et le lendemain 15 octobre, il y a eu le coup d’Etat?

(Silence). Et l’avocat de poursuivre en ces termes :« Comment expliquez vous que Vincent Askia Sigué ai pu imiter la signature de Blaise Compaoré, chef du CNEC, pour faire enlever 3 360 chargeurs, 20 RPG, 20 grenades et 20 roquettes?

(Silence).

«Me, ce que dont vous avancez, vous avez un dossier? Si c’est le cas pouvez-vous le mettre à la disposition de la chambre? », interroge le président du Tribunal militaire.

«Demain je vous je vous apporterai les documents», rassure Me Mathieu Somé

Après l’ex ministre, ce fut au tour de l’ex ambassadeur du Burkina à Tripoli, Mousbila Sankara.

C’était un témoin pas comme les autres. Visiblement, il en avait gros sur le cœur. Avant même de prêter serment, voici ce qu’a laissé entendre le témoin :« M. président, avant tout je voudrais dire des choses. Il y a des gens qui m’ont torturé et qui sont présents dans cette salle».

Il a fallu que Me Urbain Méda lui rappelle le principe du serment calme ses esprits et le situer le déroulé de la procédure selon les dispositions du Code pénal.

Même si la défense conteste la prestation du serment du témoin qui a laissé entendre que Thomas Sankara était «son fils». Un lien de filiation que le président a tenté de retracer l’arbre généalogique. Mais visiblement, l’ex ambassadeur du Burkina à Tripoli semble confondre le lien de filiation et de parenté selon le droit et selon selon la tradition (coutume).

Dans sa déposition, Mousbila Sankara a indiqué qu’il était en pleine rencontre des préparatifs du 42e Sommet des Nations Unies à New York lorsqu’il a été alerté de la survenance d’une attaque au Conseil de l’Entente. Il aurait tenté, premièrement, de joindre le président Sankara en vain, puis la présidence. Et c’est la secrétaire du président qu’il a eu. Elle lui aurait indiqué que le président Sankara venait de se rendre au Conseil de l’Entente. Et après la secrétaire du président, c’est Blaise Compaoré qu’il a eu au téléphone. Et voici ce qu’il a dit : «On est débordé. Il nous a eu. Retourne-toi au poste et appui moi avec du matériel de maintien d’ordre. Et j’ai fait venir du soutien à travers Tripoli et Alger. Quand j’ai appris que le président Sankara a été assassiné, c’est là que je me suis rendu compte qu’il m’a traité comme un imbécile et c’est ce qui me fait mal», a-t-il indiqué d’un ton quelque peu élevé.

C’est ainsi que le diplomate, constatant que le père de la révolution a été assassiné, a décidé de rentrer au pays le 27 novembre 1987. Il sera une première fois arrêté le 14 décembre de la même année et envoyé à la gendarmerie ou il sera torturé jusqu’au 3 mars 1989 sous le commandement de Djibril Bassolé. Puis une deuxième fois le 23 décembre 1989 et déposer au Conseil de l’Entente. Il sera également torturé jusqu’au 7 avril 1991.

Lorsqu’on vous a arrêté, qu’est-ce qu’on vous reprochait? Interroge Me Urbain Méda.

On m’a juste dit que j’étais impliqué dans le coup d’Etat de Boukary Kaboré dit le Lion. «Chose dont je n’étais pas au courant», a-t-il attesté. Lors de nos tortures, c’est le médecin Nazindgouma Ouédraogo qui passait de temps en temps pour recoller nos déchirures en attendant la prochaine séance. « Il y avait un détenu qui a été testé positif au VIH et qui était à l’état final, la lame qu’on utilisait pour le raser, les tortionnaires utilisaient la même lame pour raser certains d’entre nous et ils disaient ceci: vous voyez celui-là, vous allez finir comme lui. M. le président, c’est pour vous montrer à quel point les tortures étaient atroces et inhumaines », a-t-il laissé entendre. «A un moment donné, nous leur avons demander de nous amener à MACO, ou bien nous fusiller simplement parce qu’on ne supportait plus les douleurs et la mort était encore plus enviable que la vie », a fait savoir Mousbila Sankara. Des témoignages qui ne laissaient personne indifférente dans la salle d’audience. «La première fois que j’ai aperçu Gilbert Diendéré, je lui ai dit qu’un jour nous allons nous voir dans la clairière et nous allons nous parler droit dans les yeux», a-t-il confié. Gilbert Diendéré, a-t-il poursuivi, est un petit frère pour moi. Et toutes mes activités politiques dans le Passoré, il était toujours présent.

Le procès se poursuivra ce 30 novembre au Tribunal militaire de Ouagadougou avec l’interrogatoire de Mousbila Sankara. Deux autres sont annoncés à l’issue à savoir Fidèle Toé et Serge Théophile Balima.

 Franck ZINGUE

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