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Procès Thomas Sankara: « Vous êtes venu avec une idée arrêtée », Gilbert Diendéré à Me Ferdinand N’ZEPA

L’interrogatoire du Général Gilbert Diendéré se poursuit ce 10 novembre 2021 au Tribunal militaire de Ouagadougou. Et pour ce 2e jour de comparution, l’accusé répondait aux interrogations des avocats de la partie civile. Tout en leur demandant de s’en tenir aux faits et non à des hypothèses le Général s’est dit disposé à répondre à toutes les interrogations. Après le président du Tribunal, le Parquet, le 9 novembre dezrnier, c’est au tour des Avocats de la partie civile. Et c’est Me Jean Patrice Yaméogo qui a été le premier à prendre la parole.

 A votre arrivée sur les lieux, avez vous constaté des véhicules garés devant le secrétariat du conseil de l’Entente?

Oui. La galante rouge dont tout le monde a parlé, répond le Gal Diendéré.

Est-ce qu’il y avait des survivants sur les lieux, lance Me Yaméogo ?

Je n’ai pas fait ce constat, dit l’accusé.

Comment Blaise Compaoré et le Commandant Lingani sont arrivés sur les lieux? poursuit Me Yaméogo

Je n’ai pas su comment ils sont arrivés. J’ai juste constaté qu’ils étaient là et je les ai rejoint;

A la question de savoir pourquoi le général Diendéré a maintenu les soldats Nabié N’Soni et Arzouma Ouédraogo dit Otis dans la sécurité rapprochée de Blaise Compaoré après 1987, alors qu’il les a reconnus formellement avoir été en première ligne de l’assassinat de Thomas Sankara, le Général souligne que ce n’est pas son rôle. Pour lui, la sécurité de Blaise Compaoré incombait à Blaise lui-même avant Diendéré. « Par conséquent, si Blaise n’a pas jugé bon de le faire, ce n’est pas moi qui le ferai », a-t-il indiqué.

Quand ce fut le tour de Me Lallogo, avocat de la famille Sankara de prendre la parole.

Il a, demandé Général Diendéré pourquoi pense -t-il qu’attaquer le Conseil de l’Entente c’est attaquer Blaise Compaoré ?

« A l’époque, pour attaquer Blaise Compaoré, il fallait d’abord attaquer le Conseil de l’Entente. Parce, Blaise faisait tout là-bas », a-t-il insisté.

Vous avez dit que c’est au téléphone que vous avez joint le Commandant Lingani?

Oui! répond-t-il

Saviez vous que la ligne ne fonctionnait pas? Réplique Me Lallogo

Non. Je ne le savais pas, répond l’accusé

Est-ce que c’est pas après les faits que vous avez rétabli la ligne ?

Non. Je n’ai pas vu cette nécessité, rassuré Diendéré

A ce sujet, si votre hiérarchie vous demandait de faire un coup d’État, l’auriez vous fait?

Me Lallogo, je vous demande de vous en tenir aux faits et non aux hypothèses, suggère l’accusé.

Quant à Me Ambroise Farama il a demandé à l’accusé pourquoi il n’a rien fait pour porter secours aux corps qui gisaient dans le sang.

« Quand j’ai vu les corps et la quantité de sang, je ne pouvais pas imaginer que parmi eux, on pouvait avoir un survivant. Mais ceux qui étaient en face notamment Otis et Nabié, le savaient », s’est-il contenté de répondre.

Mais en tant que premier responsable, vous ne trouvez pas qu’il fallait plutôt faire appel aux secours ?

Je voudrais que vous vous mettiez dans l’esprit de la situation de stress au moment des faits.

Mais vous pensez que quelqu’un d’autre pouvait prendre des décisions au sein du Conseil sans que cela ne vienne de vous?

A l’époque, tout était possible, répond l’accusé. Je n’en sais rien.

Au tour de Me Bationo, il demandé à l’accusé de retracer son parcours militaire depuis son admission le 10 août 1978 à aujourd’hui. Un exercice auquel l’accusé a refusé de faire. Il a fallu l’intervention du président du Tribunal afin qu’il ne fasse la synthèse.

Je vois que depuis 1978 à 2014, vous êtes resté aux côtés de Blaise. N’est-ce pas ? interroge Me Bationo

Oui!, répond l’accusé.

Hier, vous avez eu à vous incliner devant la mémoire des victimes de ce que vous qualifiez de conneries. De 1987 à aujourd’hui, est-ce que vous avez eu à présenter vos condoléances aux familles éplorées ?

« Je me suis associé aux anciens chefs d’État et au collège des sages le 30 mars 2003 à l’occasion de la journée nationale du pardon, pour présenter les condoléances aux familles de toutes les victimes », a-t-il précisé.

Vous avez cité des gens comme Hyacinthe Kafando qui ont fui. Est-ce vous pouvez nous dire pourquoi quoi Blaise est aussi parti ?

Non. Je ne vous direz pas. Même si vous n’étiez pas au pays, vous avez suivi l’actualité de bout en bout et certainement que vous avez les informations.

Si vous n’avez pas sanctionner Otis et Nabié, est-ce que leur action ne vous a pas profité voire faire de vous ce que vous êtes aujourd’hui ? Comme on le dit: A qui profite le crime?

Non. Ce sont mes compétences intellectuelles et militaires qui m’ont permis d’être ce que je suis. J’ai évolué normalement contrairement à ce que vous pensez Maître.

Une question qui a visiblement remonté l’accusé. Il a fallu l’intervention du président du Tribunal, Me Urbain MEDA. Monsieur Gilbert Diendéré, on a compris, a lâché le président du Tribunal.

« Il faut que j’explique pour que lui (parlant de Me Bationo), il comprenne.

Me N’ZEPA repris la parole en posant la question suivante: dites nous, comment avez vous pu identifier le président Sankara parmi les victimes à travers la simple tenue?

“Cette tenue, je la connaissais particulièrement », rassure l’accusé.

Pourquoi malgré tout, vous avez pris le risque d’aller au secrétariat là où ça tire?

Il fallait que je prenne ce risque d’aller voir ce qui se passait même si je n’avais pas reconnu Nabié et Otis. Peu importe ce qui allait m’arriver, il le fallait, se défend-il.

Me Ferdinand N’ZEPA a pour sa part, souligné que lorsqu’il rentrait de la France, il s’attendait à un Général Diendéré, homme fort qui a occupé tous les postes de responsabilité, s’assume. Mais il est au regret de voir un général, celui là même qui est craint, fuire ses responsabilités. Je ne sait pas si c’est le même Diendéré ou si c’est un autre ?

« C’est bien moi le Général Gilbert Diendéré », répond-il d’une voix imposante et de poursuivre en ces termes : « mais je ne vais pas assumé ce que je n’ai pas fait. Je ne peux pas prendre cette responsabilité. J’avais des supérieurs hiérarchiques don’t j’étais sous le commandement. J’agissais et je rendais compte à qui de droit.

« Me Ferdinand N’ZEPA, vous êtes venu avec une idée arrêtée. Si vous êtes venu de la France pour entendre que je dise que c’est moi qui ai orchestré la tuerie du 15 octobre, je ne le ferai pas: un point, deux traits », s’insurge l’accusé. « Encore, si vous voulez que je vienne dire que c’est Blaise Compaoré qui les a envoyé, je ne le ferai jamais. Je n’ai pas vu Blaise envoyé quelqu’un, donc je ne le ferai pas: c’est Non, non et non!, s’est-il voulu catégorique.

Franck ZINGUE

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