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Procès Thomas Sankara : “Je ne croyais pas à tout ce Blaise Compaoré me disait” Philippe Ouédraogo

Le procès Thomas Sankara et 12 de ses compagnons se poursuit au Tribunal militaire de Ouagadougou avec les témoins. A la barre ce 29 novembre 2021, Philippe Ouédraogo, patron du Parti africain de l’indépendance (PAI) au moment des faits.

Lors de sa déposition, le témoin a indiqué que dès août 1987, le PAI avait quitté le gouvernement du CNR et sa direction politique. Et à cette période, en clair, les signaux qui leurs parvenaient, notamment les tracks et autres sur le régime du CNR, laissaient présager que ce qui se profilait à l’horizon était inquiétant.«C’était des tracks quelque peu virulents à l’endroit de Thomas Sankara et de Blaise Compaoré», a-t-il souligné et de poursuivre en ces termes :« J’étais sur ces constats jusqu’à ce que les évènements du 15 octobre surviennent ». Et ce jour, Philippe Ouédraogo a fait savoir qu’il attendait le ministre Koeffé à la Chambre de commerce et d’industrie pour une cérémonie de clôture des activités du Liptako-gourma. Mais à la dernière minute, il s’est fait représenté par Tertus Zongo. Et c’est étant au CCIBF qu’il a entendu les coups de feu. Par la suite, il s’est rendu chez Arba Diallo. C’est étant chez Arba Diallo qu’il entendu le 1er communiqué annonçant la dissolution du CNR et l’avènement du Front populaire.

Pourquoi le PAI a quitté le gouvernement du CNR? Question du président du Tribunal militaire, Urbain Méda.

Au PAI, nous étions représentés au CNR avec 4 camarades. Et pour ceux qui nous connaissaient, nous tenons à notre liberté d’opinion. «Dire librement ce que nous pensons et l’idéal que nous défendons», a souligné Philippe Ouédraogo. Cependant, il a affirmé avpori fait le constat que cette liberté n’était pas bien appréciée par les militaires ainsi que l’ULCR. Il a avancé que lors de l’anniversaire du DOP à Tenkodogo, le président Sankara avait tenu un discours rassembleur qui ressemblait à une sorte d’auto critique. Il avait fait le serment de travailler avec tous ceux qu’il considérait comme des réactionnaires qu’il avait mis à l’écart. Thomas Sankara avait estimé qu’en les associant, ils finiront peut être par adhérer aux idéaux de la révolution.

Vous avez parlé des tracks. Quels sont les principaux messages qui étaient véhiculés?

On les qualifiait de personnes ayant une moralité douteuse et on traitaient également leurs épouses de tous les noms d’oiseaux.

Vous avez, dans votre déposition, indiqué que vous été contacté par Blaise Compaoré pour, certainement, expliquer ce qui c’était passé. Dites-nous ce qu’il vous a expliqué au sujet des évènements du 15 octobre, pour justifier le coup d’Etat?

M. le président, j’ai encore le procès verbal de notre rencontre. Si ce ne serait pas trop long (4 pages) je vais le lire devant le Tribunal. Mais le président à suggérer qu’il dise l’essentiel de ladite rencontre.

De ce qui resort, c’est que Blaise m’a fait comprendre qu’il y avait des divergences entre lui et Sankara.

Une divergence à propos de la création d’un parti politique marxiste unique; le fait que Thomas lui soupçonnait d’être à l’origine du discours de la division de l’étudiant Jonas Somé à Tenkodogo lors de l’anniversaire du DOP; le fait que Blaise se marie à une Ivoirienne et l’affaire des 10 millions de F CFA de Félix Houphouët Boigny. Une somme que le président ivoirien a remis à son « beau ». Thomas Sankara a exigé que cette somme soit reversée dans une caisse pour servir au  peuple et Blaise n’en voulait pas. Mais la somme sera finalement partagée entre Chantal et Blaise Compaoré. La part de 5 millions de Blaise sera répartie pour financer un projet, à éditer le livre de l’étudiant «Le Polisar » et le reste remise au CNEC pour l’agriculture.

Le témoin a indiqué que lors de leur rencontre, Blaise Compaoré a laissé entendre que lors d’une reunion de crise la veille des évènements du 15 octobre, les éléments du CNEC étaient visiblement remontés et furieux. “C’est certainement ce mécontentement qui a été manifesté. Je suis tout de même surpris que se termine ainsi. Je ne suis pas à l’initiative. Mais le mal est fait, nous (Blaise, Lingani et Henri Zongo) avons décidé d’assumer. Nous sommes mis devant les faits accompli”, avait-il justifié relate le témoin.

Quelle à été votre appréciation personnelle sur les raisons qu’il avançait ?

Je ne croyais pas à tout ce qu’il me disait. Dire qu’il n’est pas à l’initiative et accepter d’assumer une telle catastrophe, il faut être dupe pour se convaincre. Dans tout ce qu’il racontait, il y avait des choses ne tenaient pas la route. Sinon tout le monde était au courant de la part de responsabilité de Blaise Compaoré dans ce coup d’Etat. Peut-être que les mots de Vincent Sigué à savoir, «on s’est longtemps occupé de nos ennemis, maintenant nous allons nous occuper de nos amis», en était pour quelque chose, mais «je n’en sais rien c’est juste mon pressentiment», a laisse entendre Philippe Ouédraogo.

Blaise n’avait pas non plus digéré la reproche à propos de son mariage avec Chantal Compaoré. Il dit que malgré qu’il était le N°2, il n’était pas impliqué dans la prise d’un certain nombre de décisions.

Sur la question du parquet de savoir si Blaise Compaoré n’a pas été récupéré par un quelconque parti ou formation politique du CNR, le témoin se veut catégorique : «Je ne crois pas que cela a été le cas».

Les deux hommes avaient-ils le même engagement révolutionnaire? Interroge le Parquet

Non! Thomas était beaucoup plus engagé que Blaise. C’est vrai qu’ils ont tous deux contribué à l’avènement du régime du CNR, mais Sankara, avec son intelligence et son amour pour la lecture, était plus engagé et plus déterminé.

C’est sur cette note que le président du Tribunal militaire de Ouagadougou a suspendu l’audience. Elle sera reprise avec la comparution d’un autre témoin, Ernest Nongma Ouédraogo, ex ministre de l’administration territoriale et de la sécurité sous le CNR.

Didèdoua Franck ZINGUE

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