Le 12 octobre prochain, les Camerounais seront appelés aux urnes pour élire celui ou celle qui présidera aux destinées de leur pays pour les cinq prochaines années. Et depuis la convocation du corps électoral, le 11 juillet dernier, les candidats à la magistrature suprême se bousculent dans les locaux d’Elections Cameroon (ELECAM, organe en charge de l’organisation des élections), pour déposer leurs dossiers. Ainsi, il ressort qu’à la date du 19 juillet 2025, ce sont 27 candidatures qui ont été enregistrées par ladite structure et il n’est pas exclu que d’autres se déclarent aujourd’hui, 21 juillet, date de clôture des dépôts des dossiers.
Parmi les postulants pour le Palais d’Etoudi, figurent le président sortant et candidat à un 8e mandat, Paul Biya, et plusieurs personnalités dont d’anciens alliés et proches de ce dernier. Il s’agit du désormais ancien ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle, Issa Tchiroma Bakary, qui a démissionné du gouvernement avant d’officialiser sa propre candidature, le 26 juin dernier. Figure politique bien connue au Cameroun, Issa Tchiroma est le président du Front pour le salut national du Cameroun (FSNC), un parti longtemps allié au Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), parti de la majorité présidentielle. Présenté comme l’un des fervents défenseurs du régime Biya, Issa Tchiroma a occupé des postes ministériels depuis 1992, jusqu’à l’annonce de sa candidature le 26 juin dernier.
A Tchiroma, il faut aussi ajouter un autre dissident de la galaxie Biya, qu’est Bello Bouba Maïgari, ministre d’Etat, ministre du Tourisme et des loisirs, qui a annoncé, le 28 juin dernier, sa candidature à la présidentielle du 12 octobre. Président de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP), Bello Bouba Maïgarin a rejoint la majorité présidentielle depuis décembre 1997, avant de prendre ses distances en fin juin.
L’opposition tient là une belle occasion pour détrôner le dictateur
Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces défections au sein de la coalition au pouvoir, sont l’expression d’un véritable malaise. Certes, ces candidatures pourraient avoir été suscitées par le camp présidentiel pour démontrer un semblant de vitalité démocratique au Cameroun. Mais elles peuvent aussi et surtout traduire un sentiment de lassitude voire une volonté réelle d’émancipation et de changement. Car, il faut le souligner, l’entrée en lice de ces deux figures qui ne comptent pas pour du beurre au Cameroun, surtout dans la partie Nord du pays, où ils mobilisent environ 40% du corps électoral national, est loin d’être un épiphénomène.
Bien au contraire, cela peut contribuer à rebattre les cartes et participer profondément à la reconfiguration de la carte politique au Cameroun. Pour autant, Biya doit-il s’en inquiéter ? Ces deux fers au feu que ce sont ses alliés d’hier et ses opposants de toujours, le cuiront-ils ? Bien malin qui saurait y répondre. Mais comme on aime à le dire, mille poussins réunis peuvent faire peur à l’épervier. En effet, si en plus des deux dissidents, on ajoute le farouche et principal opposant, Maurice Kamto également candidat à la candidature, et bien d’autres, cela a de quoi troubler le sommeil de papy. En tout cas, l’opposition tient là une belle occasion pour détrôner le dictateur. Mais encore faut-il que ses candidats voient leurs dossiers validés. Ce qui n’est pas gagné d’avance.
Colette DRABO