La cérémonie de prestation de serment et l’investiture du président ivoirien, Alassane Ouattara, réélu pour un nouveau mandat à l’issue du scrutin du 25 octobre dernier, aura lieu ce 8 décembre au Palais présidentiel d’Abidjan. En effet, après avoir tangué sur des eaux tumultueuses depuis l’annonce de sa candidature à ladite présidentielle, on peut affirmer, sans risque de se tromper, que le bateau est finalement arrivé à bon port. C’est tout à l’honneur du président Ouattara, mais également du peuple ivoirien qui a décidé de sauver l’essentiel, à savoir la Côte d’Ivoire.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que le président ivoirien a décidé de faire de cette prestation de serment et de son investiture, une véritable démonstration de force diplomatique. La preuve, et selon plusieurs sources, une douzaine de chefs ou anciens chefs d’Etat africains sont attendus, sur les bords de la Lagune Ebrié, pour la cérémonie. Les présidents sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, congolais, Denis Sassou N’Guesso, mauritanien, Mohamed Ould Gazouani, sierra-Leonais, Julius Maada Bio, djiboutien Ismaël Omar Guelleh, gabonais Brice Clotaire Oligui, et ghanéen, John Dramani Mahama et son prédécesseur Nana Akufo-Addo, sont, entre autres, les dirigeants annoncés. Des personnalités de haut rang parmi lesquelles des présidents d’institutions régionales et internationales, seront également de la partie. Au plan interne, le numéro Un des Ivoiriens a tendu la main à ses opposants en les invitant à prendre part à la cérémonie. En tout cas, la présence des invités sera scrutée de très près par les observateurs et les avertis de la scène diplomatique et elle sera une occasion pour ADO, de confirmer sa stature de personnalité politique qui pèse dans la sous-région et en Afrique. Mais au-delà de cette démonstration de force diplomatique, que va faire ADO de ce nouveau mandat ?
ADO devrait songer enfin à prendre sa retraite politique et à préparer la relève
C’est connu, la présidentielle du 25 octobre dernier n’a pas été un long fleuve tranquille. Boycottée par des opposants et pas des moindres, cette élection, il faut le dire, a contribué à diviser davantage les Ivoiriens, et à exacerber la fracture sociale dans le pays. En effet, plus de 1 000 cadres et militants de l’opposition, ont été arrêtés dans le cadre de cette élection et ce, pour avoir bravé une interdiction de manifester. Plus de la moitié a été jugée et condamnée à des peines privatives de liberté. Une situation qui n’est pas de nature à apaiser le climat social.
Cela dit, on ose espérer que ce nouveau chapitre qui s’ouvre, sera une occasion pour le chef de l’Etat, de travailler à une véritable réconciliation nationale. Il faut le dire, les blessures nées de la crise postélectorale de 2010, ne sont pas totalement cicatrisées et une nouvelle couche est venue s’ajouter avec la dernière élection. Au regard de cette réalité, ADO doit tout mettre en œuvre pour ressouder le tissu social. C’est un des défis sur lequel il est très attendu. Par ailleurs, ADO devrait songer enfin à prendre sa retraite politique et à préparer la relève, à l’issue de ce nouveau mandat, pour ne pas se voir encore contraint à se présenter pour quelque motif que ce soit. Au regard d’ailleurs de son âge très avancé (83 ans), un des plus âgés chefs d’Etat de la sous-région, il doit songer à faire valoir ses droits à la retraite.
Colette DRABO
