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DAOUDA SIMBORO, DEPUTE « FRONDEUR » DE L’UPC : « Si le MPP peut prendre 14 députés … c’est que, quelque part, quelque chose le permet »

Le député Daouda Simboro est considéré comme le principal instigateur de la « fronde » de 13 députés de l’Union pour le progrès et le changement (UPC) à l’Assemblée nationale. Depuis l’acte posé par Simboro et ses camarades dont la création d’un groupe parlementaire, (UPC/RD), la maison UPC bouillonne. Lors d’un séjour chez les siens à Nouna dans la Kossi, nous avons rencontré le député et l’objet de notre entretien ne pouvait être que d’en savoir davantage sur la crise au sein du parti du Lion. Simboro ne porte pas de gants, il répond sans détour à nos questions. Lisez plutôt !

 « Le Pays » : Quelle est la raison de votre présence dans la Kossi ce week-end ?

Député Daouda Simboro : Je constate que cette question est anticipative à une information qui a circulé par rapport à mon éventuelle arrivée dans la Kossi, à Nouna. Nous sommes aujourd’hui dimanche (NDLR : 15 octobre) et vous me savez tranquillement assis chez moi en famille. Je suis calé à Ouagadougou, comme qui dirait. Je suis calé.

 Cette sortie hors de Ouagadougou vous  permet de souffler un tant soit peu, au regard de la pression exercée sur vous et vos camarades dans la capitale. N’est-ce pas ?

Je dois avouer que je ne cherche pas à échapper à la pression. Je la vis quotidiennement, depuis le début de mon mandat. Aujourd’hui, on me fait endosser le costume du principal artisan de la crise qui secoue l’UPC. Je l’assume comme toujours d’ailleurs.  C’est vrai qu’au départ, mes camarades et moi-même avons été déçus de la tournure et de l’ampleur qu’une partie de la direction de l’UPC a donnée à la simple création de groupe parlementaire, qui n’est rien d’autre qu’un cadre de travail. Par la suite, ils nous ont fourni une bonne décompression avec la mauvaise foi de certaines personnes dans les médias et la volonté affichée de ne toujours pas vouloir voir et prendre réellement en charge les problèmes que nous avons posés. Nous n’avons plus de pression, du moment où leurs actions et déclarations confirment que nous avons eu raison de poser le problème. Il y a véritablement un déni de démocratie interne dans notre parti. Référez-vous aux déclarations de nos camarades, leur intolérance…

Comment peut-on expliquer la colère de certains de vos camarades de l’UPC qui vous traitent de tous les péchés d’Israël, depuis la création du nouveau groupe parlementaire UPC-RD ?

Je comprends vraiment cette colère. Je reviendrai sur les raisons qui ont prévalu à la création du groupe parlementaire UPC-RD, mais vous aurez remarqué que les porte-parole de l’UPC, le président du Parti et certains cadres, ne nous font, en fait, qu’un procès d’intention. Nous avions l’intention de faire ceci ou cela, disent-ils. En réalité, ceux d’entre nos camarades députés qui sont restés dans l’ancien groupe et qui sont honnêtes et conséquents envers eux-mêmes, ont vu venir la création de ce groupe. Le malaise était, à un moment donné, à couper au couteau tellement il était palpable. Ils ne s’imaginaient pas simplement que le Rubicon serait franchi. Aujourd’hui, c’est le cas. Le problème est posé. Je les ai très souvent entendu dire eux-mêmes que la colère est mauvaise conseillère. Malheureusement, ils n’y ont pas résisté et voilà le spectacle déplorable qui est offert aux Burkinabè. Cela n’a jamais été notre objectif. Un peu de retenue leur aurait évité cette regrettable situation. Mais quand on voit le complot partout, cela donne ce résultat et ce n’est pas encore fini.

Quels sont les objectifs ou les enjeux qui sous-tendent la création du nouveau groupe parlementaire UPC-RD ?

J’apprécie personnellement cette question. Depuis le début de cette affaire, les gens qui sont en colère s’attardent peu sur cette question. D’abord qu’est-ce qu’un groupe parlementaire ? C’est tout simplement un groupe d’au moins dix députés qui décident, librement, sans tenir compte d’une appartenance politique quelconque ou d’une idéologie quelconque, de se mettre ensemble pour effectuer leur travail parlementaire à l’Assemblée nationale. Rien de plus.  Contrairement à ce qui est véhiculé et qui est  sans doute une maladroite manipulation, aucune idéologie n’est discutée dans les groupes parlementaires. Si tel était le cas, quelle idéologie allait véhiculer le Groupe Paix, justice et Réconciliation nationale (PJRN) qui comprend 2 députés NAFA, 3 députés ADF-RDA, 2 députés CDP et 3 députés UPC? Quelle affinité avons-nous à part le fait de se retrouver ensemble au CFOP ? Le CFOP a-t-il une idéologie partagée par les militants de l’UPC?  Et que dire du groupe parlementaire BURKINDLIM qui regroupe des députés de 8 partis politiques différents ? Distiller le mensonge ne rapporte rien. De plus, selon les textes de l’Assemblée nationale, le député n’est même pas obligé de s’inscrire ou d’appartenir à un groupe parlementaire. Nos textes ne font allusion nulle part à nos partis politiques. Ils consacrent au contraire une liberté de regroupement et d’organisation, certainement pour faire prévaloir le caractère national du mandat du député et le fait que la validation de son mandat le soustrait du diktat de son parti afin qu’il se consacre à l’accomplissement de sa mission de député qui est de  consentir l’impôt, voter les lois et contrôler l’action gouvernementale. Où se situe le parti dans ces missions ? Où est l’illégalité dans la création de notre groupe parlementaire ? Les Républicains en France, ont deux groupes parlementaires. Au Bénin, le parti qui soutient le président en a trois. On ne peut appartenir à la fois à deux groupes parlementaires. C’est ce qui explique le fait que nous démissionnions d’abord de l’ancien groupe avant d’en créer un nouveau, le nôtre. C’est tout. Cela n’a rien à voir avec une démission du parti ou la volonté de casser celui-ci. Avons-nous perdu autant la sérénité ? Quand un groupe est miné, pourri par les susceptibilités et la suspicion, il n’y a pas d’autre solution que de se mettre ensemble pour créer un nouveau cadre de travail pour assurer sa part de production parlementaire. Pour les raisons qui sous-tendent la création du groupe parlementaire UPC- Renouveau démocratique,  nous l’avons dit à maintes reprises. Elles sont simples : les susceptibilités et la suspicion persistantes et entretenues dans le groupe de députés créant un profond malaise qui dégrade le climat de travail; l’absence de liberté de pensée et d’expression du député dans un contexte où les moindres propos, amabilité avec d’autres députés, sont immédiatement colportés au président du Parti et cela vous vaut suspicions et vindicte; l’absence de liberté de vote du député conformément aux dispositions de l’article 85.3 de la Constitution qui peut être illustrée pour certains députés quand on sait qu’ils  sont enfermés souvent dans une directive partisane de vote, parfois même contre des projets intéressant leurs localités d’origine dont ils représentent les populations en premier lieu. Les PPP rappellent cette douloureuse situation pour certains d’entre nous; l’absence d’équité dans le traitement des députés et parfois le manque d’égards pour certains. Bref, nous nous sommes contentés de poser sur la table ce que nous vivons en tant que députés. Pour ce qui concerne le Parti lui-même, il appartient aux organes de poser le diagnostic afin de régler les problèmes. Je crois que c’est ce que certains ne comprennent pas, car les motivations relèvent de la vie du député à l’Assemblée et non au Parti. C’est pourquoi nous ne démissionnons pas de l’UPC. C’est une première au Burkina Faso et les premières suscitent forcément interrogations et inquiétudes. Je comprends bien. Mais une fois que vous mettez les présomptions de côté, vous comprendrez facilement. Cette manipulation et la mauvaise foi de certains députés ne rendent service ni au président du parti ni au parti lui-même. La passion qui entoure la création du groupe parlementaire a été amplifiée. Concentrons-nous sur les questions essentielles pour relever de nouveaux défis. La création du groupe parlementaire UPC-RD est consommée et bientôt, il comptera plus de  13 membres, tous de l’UPC. Il faudra faire avec.

Cette création du groupe parlementaire UPC-RD a provoqué une crise sans précédent et inimaginable dans le parti. Entrevoyez-vous une solution à cette crise ?

Pour ma part, la solution était simple au départ. Elle devient de plus en plus difficile. Pourquoi ? Deux blocs de députés du Parti se forment. Le président du Parti lui-même se place devant l’un des deux, tient et anime lui-même une conférence de presse, épouse et envoie des messages murmurés à son oreille contre ses propres députés. Alors là, c’est le tournant dont il aurait dû faire l’économie, pour se placer au-dessus des deux blocs. Pourquoi pense-t-il que la vérité est du côté de là où il s’est placé ? Avec cette cabale, quel service concret  lui rend-on?  On ne statue pas sur le cas de députés « traîtres », « confondus preuves à l’appui » par des conférences de presse et des campagnes médiatiques. On applique purement et simplement les textes du parti. Que prévoient ces textes ? Treize traîtres, ce n’est quand même pas rien. Après tout, notre grand parti a-t-il oui ou non un code disciplinaire ? Nous, nous sommes prêts à subir toute la rigueur de nos textes, puisqu’on dit qu’il y a des preuves. Aujourd’hui, tout le monde sait qu’il n’y a rien d’illégal dans ce que nous avons fait.  C’est clair, il y a une forte manipulation dans cette affaire et l’UPC n’en sortira qu’une fois que le président du parti aura ouvert enfin les yeux et qu’il sera guéri de sa phobie de perdre son Parti. Il est clair qu’il redoutait feu Salifou Diallo. Celui-ci n’étant plus, paix à son âme, que gagne Diabré à donner corps à un complot qui, disait-on, était « tombé à l’eau » ? Je vais me répéter. Il y a un proverbe qui dit que si vous tombez, ne cherchez pas là où vous êtes tombés, mais regardez plutôt là où vous avez trébuché. Ceux-là qui murmurent à longueur de journée à vos oreilles sont ceux-là qui fragilisent le parti, notre parti. La seule solution est de travailler de façon optimale avec les deux groupes parlementaires du parti, en attendant de ramener progressivement l’entente, la cohésion et le respect de l’autre. A quel prix croyez-vous pouvoir mettre désormais sur la même table, les députés qui ont véhiculé  les infâmes mensonges qui d’ailleurs leur siéent  mieux,  avec les députés qualifiés à tort  de traîtres et de taupes ? En persistant dans cette infamie, va-t-on vers une recherche réelle de solution ? Certains députés ont su s’abstenir de franchir certaines limites et de s’impliquer moins passionnément dans cette affaire, sachant que la vie, surtout politique, ne se limite pas à un seul évènement et que tout peut arriver en politique.

Vos adversaires vous accusent d’être de connivence avec le MPP. Le néologisme la « simborisation » fait allusion à cela. Que leur répondez-vous ?

Oui, j’ai entendu cela. Si tous les maux de l’UPC sont le fait de mains extérieures, alors c’est parfait. Cela veut dire que tout va bien dans le parti en interne, et que  calme et tranquillité prévalent. Si le MPP peut prendre 14 députés en comptant le député Elisée Kiemdé,  c’est que, quelque part, quelque chose le permet. Nous sommes en politique. Pourquoi l’UPC se prive-t-elle de recruter au MPP ?  La « simborisation » ne traduit pas convenablement mon nom et ma responsabilité. Je propose « Simboroisation ». Là, tout y est et il signifiera bientôt tout autre chose pour le bien du  parti et de son président. Donnons du temps au temps. Nous ne sommes d’aucune connivence avec quelque parti que ce soit. Nos démons sont dans notre propre maison.

Avez-vous réellement vendu vos mandats au MPP ?

 Comment vend-on un mandat de député ? C’est possible ? Et de nombreux députés sont pauvres ?

 D’aucuns disent que chacun des démissionnaires du groupe parlementaire a perçu 500 millions de F CFA avant de passer à l’acte. Qu’en est-il ?

Ah bon ? Si on est passé à l’acte, je ne suis pas encore passé à la caisse. Il y a des députés qui sont restés dans l’ancien groupe, qui sont allés emprunter juste 5 millions de F CFA au défunt président de l’Assemblée nationale. Nous donnerons leurs noms quand on en arrivera au chapitre des preuves.  500 millions de F CFA pour un mandat, ça règlerait les soucis de certains pendant des décennies.   Plus sérieusement, je vais répondre de moins en moins à ce genre de questions. C’est non seulement ridicule, mais aussi ça ne rime à rien. L’absurdité de ces déclarations est à l’image du déclarant bête et viscéralement méchant. Nous avons choisi de rester sur des questions de principes. Et nous avons posé  ces questions de principes. Il y a des problèmes. Faut-il choisir de les résoudre ou continuer de fermer les yeux là-dessus ? Personne n’a perçu quoi que ce soit pour appartenir à ce groupe qui, du reste, est de l’UPC. C’est un autre facteur de la manipulation, pour dresser les populations  contre nous. Cette démarche, tout comme tout ce qui est entrepris jusque-là, ne prospère pas et ne prospèrera pas. Des déclarations saugrenues disent que notre groupe va coûter des centaines de millions de F CFA au budget de l’Assemblée. S’ils sont soucieux de ce budget, qu’ils commencent déjà par arrêter les fausses missions qu’ils négocient pour se rendre dans leur famille ou voyager avec des copines. Et sur cela aussi, on reviendra en temps opportun.

Les dirigeants de l’UPC disent disposer de preuves du complot ourdi par votre Groupe et le MPP pour détruire le parti. Qu’en est-il ?

N’ont-ils pas prévu de diffuser ces preuves ? Qu’attendent-ils alors ? On n’a pas besoin d’invoquer le MPP pour détruire l’UPC. Des acteurs proches du président s’en chargent si bien déjà. Ce complot a été fabriqué dans les laboratoires du parti. L’existence de la fameuse liste noire date de bien plus longtemps. Nous en avons la preuve, mais à chaque chose son temps. Le Courrier Confidentiel dira qui lui a transmis le fameux dossier du complot. Il est poursuivi.

 Bien avant la création de votre groupe parlementaire, des démissions de cadres ont été constatées au sein de l’UPC. On pourrait citer François Tambi Kaboré, Ouali Armand… N’y a-t-il pas réellement un problème de fond sur lequel tout le monde se tait ?

Il faut ajouter à cela la crise à l’arrondissement N°3 et mettre tout cela sur le dos des treize députés ayant créé le nouveau groupe parlementaire. Nous disons qu’il y a des problèmes, on dit que nous sommes corrompus, des traîtres et des taupes… Le président Diabré a confirmé que la crise a commencé au lendemain des élections couplées de novembre 2015. Il faut se résoudre à régler objectivement les problèmes. C’est la seule issue pour la prospérité de l’UPC. La stratégie adoptée actuellement ne peut prospérer et ça se verra. Je préfère ne pas répondre à cette question. Nous n’emboucherons pas cette trompette, car nous appartenons toujours à la famille UPC où nous comptons des amis. Je ne comprends pas les propos tenus, si la logique du dialogue et du rassemblement est sincère.  Ceux qui sont commis à ces missions de dénigrement, s’en repentiront à coup sûr. Sur toutes ces choses, nous leur rappelons qu’ils n’ont aucun monopole. Mais place au dialogue pour l’instant.

Le Bureau politique National (BPN) a tenu une rencontre extraordinaire avec vous et vos camarades démissionnaires, le samedi 14 octobre dernier, à l’hôtel Pacific, certainement en vue d’aplanir les divergences. Quelles ont été les conclusions de cette rencontre ?

D’abord, il faut que je précise que nous ne sommes pas allés à ce BPN, car les mesures de sécurité n’étaient pas réunies. Nous avons jugé inopportun de nous y rendre. Pendant que le président prétend apaiser la situation, des gens se réunissent dans son cabinet pour planifier des actions contre notre groupe, les porte-parole continuent de tenir des propos mensongers et violents, des députés manipulent des jeunes pour s’en prendre à nous, à nos familles, à nos biens. De ce que nous avons appris comme conclusions de cette rencontre, ils prévoient de déployer des banderoles avec nos photos, sur  commande des responsables de l’union nationale des jeunes. Lesquels jeunes ont été encouragés à continuer leurs exactions par des auxiliaires de justice qui ne vont pas s’abstenir de déposer leurs factures d’honoraires, quel que soit le problème qui surviendrait et quels que soient les problèmes que cela attirera au parti. Il faut ajouter à cela qu’il n’y a plus de règlement intérieur qui régit la discipline au sein du parti, qu’ils  iront en justice tout en clamant leur prédisposition à dialoguer, qu’ils nous retireront nos mandats sous la contrainte. Voilà, entre autres, ce qu’ils s’y sont dit. Jugez-en vous-même !

 Qu’attendez-vous du président Diabré pour une UPC unie et prospère ?

Je le lui ai dit à Fada. L’unité et la solidarité sont les ingrédients du remède qui rendra l’UPC forte et prospère. Il ne faut pas qu’il se trompe. Les sérénades qui lui sont distillées à longueur de journée, n’y feront rien. Les stratégies aussi lamentables que sordides ne l’aideront point. Elles portent d’ailleurs les ferments de la décadence du Parti. La surveillance, à la limite policière  à laquelle  il assujettit ses cadres, ne lui permettront jamais d’embrasser un large horizon pour lui assurer de réaliser son rêve de devenir président du Faso. Bref, Diabré doit apprendre et se résoudre à faire confiance aux gens, aux personnes qui se battent pour lui, à apprécier objectivement ses cadres, à les accompagner et à les encourager pour les différents sacrifices qu’ils ont fait ou font encore, car c’est eux qui le rapprocheront des populations à la base et non lui-même et  son petit clan qui l’entoure.

A l’issue des élections couplées, présidentielle et législatives, des pourparlers ont été menés  pour savoir s’il faut oui ou non aller au gouvernement.  Quelle a été votre position ?

Ma position a été et demeure celle de participer au gouvernement. Nous avons fait l’insurrection ensemble et c’est le pacte qui avait été établi.  Je n’étais pas seul et cette tendance a été minoritaire, mais il y a eu de la manipulation. Dans notre groupe actuel, il y a des députés qui étaient contre cette idée. Leur posture a évolué.  Aujourd’hui, la question se pose avec beaucoup d’acuité et le décès de Salifou Diallo a été perçu comme une opportunité par les dirigeants de l’UPC. Aux premières lueurs du jour du décès de Salifou Diallo, un de ses soutiens actuels a juré que si ZEPH ratait cette fois-ci l’occasion d’aller au gouvernement, tout le monde quitterait derrière lui. Quand je pense que c’est l’un de ceux qui disent que  les membres de notre groupe sont pressés d’être ministres et qu’ils instrumentalisent les jeunes contre nous !

 En deux ans de présence à l’Assemblée nationale, d’aucuns estiment que vous avez conquis le cœur de votre électorat à la base dans la province de la Kossi. Qu’en dites-vous et quel est le secret ?

Mes détracteurs actuels ne vont pas être contents de vous M. Kébré. Ils prétendent que je ne pèse rien dans la Kossi. Je laisse les Kossilais apprécier. Ce qui est sûr, je suis fier de ma province. Que chacun aille dans son fief et qu’on perçoive ses capacités. Il en est de même dans les douze autres provinces. Nous sommes calés et soutenus. S’ils veulent refaire le parti dans tout le Burkina Faso, c’est leur problème. Une autre idée saugrenue, ils ont décidé de dissoudre toutes les structures dans les 43 provinces, sauf Ouagadougou et Bobo-Dioulasso, pour avoir ceux qui seront mis à l’écart sur leur dos ou dans un autre parti.  Je me suis engagé en politique pour mon électorat et chaque jour qui passe, je ne cherche qu’à rester proche de cet électorat et à incarner ses profondes aspirations. L’autre chose, c’est le travail. Parfois, mes enfants me demandent si je suis retourné à l’école. Il n’y a pas d’autre secret que le travail et la quête permanente de l’atteinte d’objectifs que l’on se fixe. Mais apparemment, ces critères ne suffisent pas ou servent peu à l’UPC. Les populations de la Kossi sont fières de moi et c’est ma principale motivation. Je leur suis infiniment reconnaissant.

S’il advenait que la crise dans le parti trouve une issue,  qu’entreprendriez-vous pour restaurer la confiance au sein du parti ?

Ce n’est pas à moi d’entreprendre la restauration de la confiance au sein du parti. Le parti a des instances et chacune d’elles doit déjà être restaurée dans la plénitude de ses attributions. Cette confiance sera l’affaire de tous et mangera beaucoup d’énergie au parti qui a besoin déjà de se mettre en ordre de bataille pour 2020 et non de verser dans la « complotite » à la sauce « suspicion pimentée ».

Selon certaines indiscrétions, vous avez soutenu financièrement certains députés qui sont aujourd’hui vos principaux pourfendeurs. Est-ce juste ?

 Je ne leur en veux pas. Je ne veux pas faire valoir cela. Je n’ai besoin d’acheter la conviction de personne. J’use plutôt d’arguments et jusque-là, ce n’est pas si mal.

Vos détracteurs disent que la reprise des municipales de mai 2017 a été un échec dans la Kossi. Qu’est-ce qui a justifié cette débâcle ?  N’avez-vous pas bénéficié du soutien du parti, ou les adversaires ont-ils utilisé des moyens illégaux ?

La reprise des élections n’a pas été une débâcle dans la Kossi seulement. Quand on n’a pas de stratégie post-électorale pour garder les bases, on assiste à de tels résultats. Je ne parlerai pas de moyens illégaux ou d’influence d’autres partis. Pourquoi n’avons-nous pas usé de tels moyens ou pratiques? Ce que je sais, c’est comment j’ai obtenu mon mandat. Je ne l’ai pas acquis sous la bienveillante protection du président du Parti, ni sur la liste nationale et je n’ai pas à en payer la contrepartie en faisant le mauvais griot.  Moi j’ai donné 85  conseillers à l’UPC quand toute la grande province du Boulkiemdé n’en a obtenu que 15 dont un zéro pointé dans la commune de Koudougou. Alors, voici mon message : mesdames et messieurs, moi, je n’ai qu’une paille dans l’œil, la poutre qui est dans le vôtre posera un énorme problème à ZEPH en 2020. Vous voulez reconquérir nos bases ? Cherchez à garder déjà ce qu’on vous a confié.

 A quand remonte votre dernier entretien avec le défunt président  Salifou Diallo ? Qu’est-ce que vous vous êtes dit ?

Cela remonte au 3 août 2017. Je ne souhaite pas revenir sur cela. Laissons ce grand Monsieur reposer en paix. Il le mérite. N’invoquons pas les morts, ils font déjà assez de dégâts comme cela.

Un mot pour clore cet entretien

J’invite les militants de l’UPC et le président à regarder en face les problèmes, rien que cela et objectivement. Notre « mutuelle » se porte mal du silence des gens de bonnes intentions. Qu’on n’attende pas de faire d’autres frais pour enfin réagir.

Propos recueillis par Madi KEBRE/ Le Pays

 

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