Mahamat Nour Ibedou, secrétaire général de la Convention tchadienne pour la défense des droits de l’Homme et porte-parole de la coalition des associations et syndicats de la société civile qui s’oppose à la candidature du chef de l’Etat tchadien, Idriss Déby, pour un cinquième mandat, a été interpellé par la police tchadienne, alors que cette coalition s’apprêtait à organiser des marches pacifiques ce mardi 21 mars et le 29 mars prochain. Que reproche-t-on donc à Mahamat Nour Ibedou, si ce n’est d’avoir eu le courage d’entreprendre des actions en vue d’éveiller les consciences, en appelant à dire non à un cinquième mandat de Idriss Déby ? Que cherche Idriss Déby Itno à travers cette arrestation qui ne soigne pas son image, bien au contraire, dans ce contexte de dénonciation des pouvoirs à vie sur le continent? Quoi qu’il en soit, les OSC ne font que jouer leur rôle, qui est celui de la défense des intérêts du peuple à travers des actes de dénonciation de tous genres. Toutefois, on pourrait se poser la question de savoir pourquoi la société civile tchadienne a attendu le lancement de la campagne électorale pour organiser de telles marches. Certes, il n’est jamais tard pour bien faire. Et cette période de campagne est le moment propice pour évoquer les problèmes de la nation. Mais, en choisissant d’agir en pleine campagne électorale, la société civile se met dans une mauvaise posture et ne peut que s’attirer les foudres du pouvoir de N’Djamena.
Il est à craindre que la communauté internationale assiste sans lever le petit doigt, à tous les excès du satrape tchadien
Par ailleurs, à y voir de près, le peuple tchadien ne peut que s’en prendre à lui-même pour avoir accepté d’être complice de cette longévité au pouvoir, de son président. N’a-t-il pas accepté une Constitution qui ne limite pas le nombre de mandats présidentiels ? Pour tous ceux qui ruent aujourd’hui dans les brancards, où étaient-ils quand il fallait dire non à Déby dans ses lubies ? Le 5e mandat de Déby, il fallait s’y attendre car rien ne l’empêche aujourd’hui de le briguer. Ces manifestations ne sont qu’une tempête dans un verre d’eau d’autant que la candidature de Déby a déjà été validée et qu’il a sans doute le soutien de la France et de la communauté internationale pour ses brillantes actions dans la lutte contre le terrorisme. En effet, Idriss Déby Itno est parvenu à se construire une image de pompier de l’Afrique et ce n’est pas une société civile quoique déterminée, qui parviendra à l’amener à renoncer à un nouveau mandat. Aujourd’hui devenu une pièce maîtresse de la lutte contre ce fléau sur le continent, il est à craindre que la communauté internationale assiste sans lever le petit doigt, à tous les excès du satrape tchadien.
Christine SAWADOGO
