L’appétit vient en mangeant, dit-on. En effet, la secte islamiste Boko Haram qui avait pris le camp stratégique de Baga, comptait encore rééditer l’exploit en prenant un autre camp au Cameroun. Mal lui en a pris. Car, les forces d’élite auxquelles elle s’est attaquée, lui ont fait subir un revers cuisant en tuant près de 150 de ses combattants et en lui retirant un important arsenal de guerre. Cette défaite des islamistes traduit la puissance de feu de l’armée camerounaise qui, une fois encore, a obligé Boko Haram à aller à Canossa. Si, face à cette seule armée camerounaise, Boko Haram plie l’échine comme un lapin à la vue d’un chasseur, cela signifie qu’elle n’est pas aussi redoutable qu’on le croit, qu’elle n’est pas invincible. C’est plutôt le Nigeria où elle a établi son califat, qui est faible. En tout cas, cette énième débâcle de la nébuleuse sur le territoire camerounais prouve que si les deux pays mutualisaient leurs efforts, ils parviendraient à réduire considérablement la puissance de frappe de Boko Haram. Face à un ennemi aussi nuisible que la peste, il ne faut ni tergiverser, ni lésiner sur les moyens, encore moins sur les stratégies. Même Dieu, dit-on, ne nous empêche pas d’ériger des murailles contre nos ennemis. Comme le dit d’ailleurs un adage, aux grands maux les grands remèdes. Et le Cameroun a compris cela, contrairement au Nigeria qui, pourtant, est touché au plus profond de ses entrailles. En effet, depuis un certain temps, le président Goodluck Jonathan se montre inactif. Et c’est pourquoi d’ailleurs Boko Haram conquiert sans coup férir des villages, incendiant certains d’entre eux sur son passage. Il ne fait l’ombre d’aucun doute que l’attaque de la ville de Kolofata jusqu’à trois reprises, dénote de la détermination de Boko Haram à étendre son califat au-delà des frontières du Nigeria.
La communauté internationale n’a pas encore véritablement pris le problème Boko Haram à bras-le-corps
Il est donc plus que jamais urgent que tous les pays voisins du Nigeria, s’unissent pour combattre cette pieuvre tentaculaire. Ce faisant, les chefs d’Etats des pays concernés, Tchad, Niger, Nigeria, Bénin et Cameroun, doivent passer à l’action, en lançant une vaste offensive pour déloger ces fous de Dieu. Ils ne doivent pas toujours attendre que Boko Haram verse le sang d’innocents avant d’agir. Cette façon de lutter contre ce groupe terroriste est peu productive, car elle permet à l’ennemi d’avoir toujours une longueur d’avance sur soi. Au demeurant, où en serait-on si ces fous d’Allah avaient réussi leur audacieux coup au Cameroun ? Sans doute qu’ils seraient plus redoutables parce qu’ils auraient renforcé leur arsenal. Et puis, à force de laisser l’initiative à l’ennemi, on risque un jour de se faire surprendre.
A cause de la veulerie et du manque d’initiative du président nigérian Goodluck Jonathan, son homologue camerounais, Paul Biya, se retrouve aujourd’hui presque seul à lutter contre Boko Haram. Il est temps que le géant de l’Afrique sorte la grande artillerie, comme son voisin, pour anéantir définitivement cette vermine.
Cette attaque de Boko Haram qui s’est soldée par un échec est, disons-le net, un pied de nez fait à la communauté internationale. Comment comprendre en effet qu’au moment où celle-ci, éprouvée par l’attaque de Charlie Hebdo, se mobilise pour mieux lutter contre le terrorisme, Abubacar Shekau et ses sbires en viennent à s’attaquer à des forces d’élite et à faire exploser des kamikazes dans des marchés au Nigeria ? Reste que Boko Haram risque, à cette allure, de creuser sa propre tombe, car sa stratégie de conquête d’autres territoires l’amène à se découvrir chaque jour un peu plus. Pour l’instant, on peut dire que la communauté internationale n’a pas encore véritablement pris le problème Boko Haram à bras-le-corps. Cela est d’autant plus vrai qu’aucun acte tangible n’a été posé officiellement et ce, depuis l’enlèvement des 274 lycéennes à Chibok.
Dabadi ZOUMBARA