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Vague de contestations à Madagascar : la rue réclame ce qu’elle a donné

Depuis les premières manifestions, le 25 septembre dernier, les contestataires réclament le départ du président Andry Rajoelina. En effet, ce qui avait commencé comme un ras-le-bol lié aux coupures incessantes d’eau et d’électricité, a tourné en crise politique, avec plusieurs protagonistes dans le jeu, à savoir les étudiants, le syndicat des douanes ainsi que les partisans du président. Les manifestants font état de 22 morts et plusieurs centaines de blessés. Mais en dépit de cette violence inouïe des forces de l’ordre que les manifestants condamnent fermement, ils n’entendent pas se laisser conter fleurette. C’est dire si Andry Rajoelina se doit de se mettre à l’écoute du peuple par des propositions à même de conduire à une sortie de crise plutôt que d’utiliser les forces de sécurité pour bander les muscles. Faire l’autruche ne saurait constituer, non plus, une solution. En effet, il estime que ces manifestations sont une « campagne de manipulation numérique, visant à déstabiliser les institutions républicaines, à semer le chaos et à porter atteinte à la souveraineté nationale ». Arrivé au pouvoir en 2009 par la rue, c’est la même rue qui réclame aujourd’hui, ce qu’elle avait donné à TGV. Accédera-t-il à la requête des manifestants ? Rien n’est moins sûr.  Cela dit, le mouvement en ligne Gen Z qui est à l’origine des premières manifestations à Madagascar, n’est pas sans rappeler la situation au Maroc, où les protestations qui durent également depuis une semaine, ont été impulsées par un collectif de jeunes baptisé Gen Z 212.

On attend du roi Mohamed VI, qu’il ouvre des concertations avec l’ensemble des forces vives marocaines

Cette déclinaison marocaine du mouvement se décrit comme un groupe de « jeunes libres » sans affiliation politique, qui revendique « un espace de discussion » sur des questions de santé, d’éducation et de lutte contre la corruption. Il affirme donc agir par « amour de la patrie et du roi », dans un pays marqué par de profondes inégalités, tant territoriales, qu’entre les systèmes public et privé. Ces jeunes sont vent debout contre la décision du gouvernement, de construire des stades de football pour la Coupe du Monde 2030, plutôt que d’améliorer les services publics et de s’attaquer à la crise économique car l’inflation est devenue, depuis quelques mois, une véritable préoccupation pour les travailleurs dont le pouvoir d’achat est en baisse. Dans la mesure où les frondeurs demandent la démission du gouvernement, on attend du roi Mohamed VI, qu’il ouvre des concertations avec l’ensemble des forces vives marocaines, à l’effet de sortir de l’impasse. Et comme par cercle concentrique, le mouvement Gen Z risque, si on n’y prend garde, de provoquer un effet boule de neige en Algérie avec une possibilité de s’étendre au-delà des frontières africaines. Dans tous les cas, même s’il faut toujours en déplorer les excès, en l’occurrence le pillage et le saccage des biens publics et privés, les manifestants sont dans leur bon droit de réclamer à leurs dirigeants, la satisfaction des besoins primaires et plus généralement, de leur réclamer des comptes.

 Kiswendsida Fidèle KONSIAMBO

 

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