Le mouvement rebelle M23, qui contrôle de vastes zones dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, menace de ne pas participer aux pourparlers de paix prévus à Doha. En cause : le retard de Kinshasa à libérer des prisonniers, une exigence pourtant inscrite dans la déclaration des principes signée sous médiation qatarie.
Face à la presse ce vendredi, Benjamin Mbonimpa, secrétaire permanent de l’Alliance du Fleuve Congo (AFC/M23) et négociateur, a exprimé une position ferme :
« Après la mise en œuvre de la déclaration des principes, suivra immédiatement les discussions pour signer un accord proprement dit. Qu’est-ce que nous irons faire à Doha si nos prisonniers ne sont pas encore libérés ? »
L’accord prévoyait un cessez-le-feu immédiat. Mais cette trêve n’a été que de courte durée. Les hostilités ont rapidement repris, chaque camp accusant l’autre de violations. Sur le terrain, les affrontements se multiplient entre les rebelles du M23 et les groupes d’autodéfense Wazalendo, soutenus par les forces armées congolaises (FARDC).
Benjamin Mbonimpa accuse ouvertement Kinshasa d’être à l’origine de ces attaques :
« Nous allons toujours être à la défensive, parce que c’est Kinshasa, à travers même ses forces régulières ou des milices interposées, qui nous attaque. »
À Goma, ville stratégique de plus de deux millions d’habitants, aujourd’hui contrôlée par le M23, l’espoir d’une paix durable s’amenuise. La population, lasse des violences, peine à croire aux engagements politiques.
Amani Safari, habitant de Goma, témoigne :
« Aucun changement n’est visible par rapport aux discussions. Nous attendons des résultats, mais il n’y a que des affrontements. »
Même constat pour Bisimwa Alame, qui appelle les dirigeants à agir avec responsabilité :
« Que les dirigeants s’entendent enfin. Que le pays revienne comme avant, dans l’unité. Cette guerre n’est pas nécessaire et elle freine le développement. »
Les négociations directes sont censées reprendre le 8 août, en prélude à un accord de paix global attendu le 17 août à Doha. Pour les garants du processus et les populations de l’est, ce rendez-vous diplomatique doit marquer un tournant décisif. Il est temps de passer de promesses fragiles à une volonté réelle de faire taire les armes.
Source: Afrcanews