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Bouillons culinaires industriels : des bons alliés mais aussi des ennemis silencieux

La nutritionniste et diététicienne, Coura Sandrine Yasmine Ouédraogo/Zerbo, se prononce dans ces lignes qui suivent, sur  les bouillons culinaires industriels. Selon  elle,   ces bouillons comportent d’énormes risques pour la santé.

Les bouillons culinaires, largement utilisés dans les cuisines africaines et particulièrement au Burkina Faso, sont devenus des ingrédients de base dans la préparation des plats. Leur capacité à rehausser les saveurs en quelques secondes séduit de nombreux foyers. Toutefois, leur utilisation régulière et excessive soulève de réelles préoccupations en matière de santé publique.

 Nature et composition des bouillons culinaires industriels

 Les bouillons industriels se présentent généralement sous forme de cubes, de poudres ou de pâtes. Leur composition inclut :

– une forte teneur en sel (chlorure de sodium) ;

– des exhausteurs de goût tels que le glutamate monosodique ;

– des graisses hydrogénées ou partiellement hydrogénées ;

– des additifs (colorants, conservateurs, arômes artificiels) ;

– parfois des extraits de viande ou de légumes, mais en quantité très faible.

Cette combinaison, bien que savoureuse, présente peu de valeur nutritionnelle et expose à des risques cliniques avérés.

 Conséquences d’une consommation excessive

 La littérature scientifique et les données de santé publique convergent sur plusieurs effets indésirables liés à une consommation régulière et excessive de bouillons industriels :

 Hypertension artérielle

 Le sel en excès favorise la rétention d’eau et l’augmentation de la pression artérielle. Un seul cube peut contenir jusqu’à 2 à 4 g de sel, soit près de 50% des apports journaliers recommandés.

 Pathologies cardiovasculaires

 L’hypertension persistante est un facteur de risque majeur pour les maladies cardiaques, les AVC et l’insuffisance cardiaque.

 Insuffisance rénale chronique

 L’excès de sodium altère la fonction rénale, surtout chez les personnes vulnérables (diabétiques, hypertendues, personnes âgées).

 Surpoids et obésité

 Les bouillons contiennent des graisses transformées et des additifs qui peuvent dérégler les signaux de satiété, favorisant une alimentation hypercalorique.

 Troubles digestifs et allergies

 Certains individus développent une sensibilité au glutamate, entraînant maux de tête, nausées, palpitations.

 Stratégie diététique : éduquer et remplacer intelligemment

 En tant que professionnelle de santé, voici les axes d’intervention recommandés :

– sensibiliser les patients à lire les étiquettes nutritionnelles (reconnaître le sel, les exhausteurs, les additifs) ;

– encourager le fait-maison : préparation de bouillons naturels à base de légumes et d’herbes locales ;

– accompagner les personnes malades à adapter leur alimentation selon leur pathologie (insuffisance rénale, HTA, diabète, etc.).

 Prise en charge et alternatives diététiques recommandées

 En consultation diététique, il est fréquent de rencontrer des patients hypertendus, diabétiques ou insuffisants rénaux qui consomment quotidiennement ces bouillons sans en mesurer l’impact. Une éducation nutritionnelle est essentielle.

 Recommandations pratiques :

 . limiter la fréquence d’utilisation des bouillons industriels à une fois par semaine maximum ;

– privilégier les produits sans glutamate, avec un taux de sel réduit ;

– éviter l’ajout de sel dans les plats contenant déjà un bouillon industriel ;

– privilégier les produits sans glutamate, avec un taux de sel réduit.

 Alternatives naturelles valorisant les produits locaux :

 – bouillons maison à base de légumes (carotte, oignon, céleri, ail) ;

– soumbala : riche en protéines, magnésium, et naturellement aromatique ;

– association d’ail, gingembre, poivre noir, oignons et herbes aromatiques locales ;

– utilisation du moringa, du soumbala sec ou du soumbala en poudre, du poisson, etc.

 Conclusion : pour une alimentation protectrice et préventive

 Les bouillons industriels, bien qu’appréciés pour leur effet aromatique, n’ont aucune valeur thérapeutique ou nutritionnelle. En consultation diététique, ils doivent être identifiés comme facteurs de déséquilibre, surtout chez les patients chroniques. Promouvoir une cuisine santé, locale, savoureuse et préventive est une responsabilité collective : des professionnels de santé aux consommateurs. Il est temps de réconcilier goût et santé, sans compromis. « Se nourrir, ce n’est pas seulement manger ; c’est aussi soigner son corps, protéger sa santé, et transmettre des habitudes durables aux générations futures ».

 Coura Sandrine Yasmine Ouédraogo/Zerbo

Nutritionniste et diététicienne

 

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