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VERS UNE INTERDICTION DEGUISEE DES MARCHES EN GUINEE : Condé a-t-il oublié d’où il vient ?

Plusieurs projets de loi déjà adoptés en Conseil des ministres, sont sur le bureau de l’Assemblée nationale  guinéenne. Parmi eux,  le Code pénal, le Code de procédure pénale, le Code de justice militaire et le Code civil. Si on peut féliciter le gouvernement guinéen pour certaines   avancées  notables comme l’abolition de la peine de mort,  on doit cependant s’inquiéter de  certains aspects de ces réformes. En effet,  les projets de loi contiennent des dispositifs qui pourraient favoriser la répression des organisateurs  de manifestations. Ces projets de loi,  venant d’un gouvernement d’Alpha Condé,  donnent tout de même des pincements au cœur quand sait d’où vient le président guinéen lui-même. En effet, Alpha Condé lui-même a marché et fait marcher les Guinéens pour arriver là où il est aujourd’hui.   De ce point de vue, on peut dire  que  Condé déçoit, lui qui a été pendant longtemps dans l’opposition. Pourtant, il a été accueilli comme un sauveur après son élection au pouvoir. Il y a une semaine, lors d’une conférence de presse, Alpha Condé a laissé planer le doute quant à son intention de briguer un troisième mandat.

Il faut se méfier des opposants historiques en Afrique quand ils accèdent au pouvoir

Aux questions des journalistes, il a répondu en ces termes: « Chaque président est libre de faire sa politique, je n’ai pas à porter de jugement. Personne ne me dira ce qu’il faut faire. Seul le peuple guinéen me le dira ». Cette réponse avait suscité une réaction de l’opposition guinéenne. Le pouvoir révèle l’homme, dit-on. Et Alpha Condé est en train de se révéler de triste manière. Il s’est déjà montré antidémocratique au cours de son premier mandat. Il le sera encore plus lors de son second mandat. Il  donne ainsi raison à certains observateurs qui pensent qu’il faut se méfier des opposants historiques en Afrique quand ils accèdent au pouvoir. On se souvient que Laurent Gbagbo,  après plus de 20 ans dans l’opposition, avait jeté les valeurs de la démocratie aux orties pour opérer un hold-up électoral qui avait conduit la Côte d’Ivoire là où on sait. Nous n’oublions pas non plus l’ex-président sénégalais, Abdoulaye Wade qui, après plusieurs années, avait tenté un projet de succession dynastique au Sénégal avant de battre en retraite face à la clameur qui montait.

Issa SIGUIRE

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