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PRESIDENTIELLE NIGERIENNE : Pas de coup « K.-O. », pas de chaos pour le Niger

Le président sortant du Niger, Mahamadou Issoufou, candidat à sa propre succession, qui avait prédit sa victoire dès le premier tour à la présidentielle, devra encore prendre son mal en patience. En effet, arrivé en tête au 1er tour du scrutin avec 48,41% des suffrages exprimés, il va devoir affronter, le 20 mars prochain, au cours d’un second tour, Hama Amadou, emprisonné depuis novembre 2015 pour une affaire de trafic présumé de bébés. Selon les résultats provisoires de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), le candidat prisonnier a recueilli 17,79% des voix. Qui l’eût cru ? Un candidat incarcéré qui réussit à mettre en ballotage un chef d’Etat sortant, cela est inédit car jamais, on n’avait assisté à pareille scénario. Cette situation est si particulière qu’elle dénote d’une certaine vitalité démocratique dans ce pays car sous d’autres cieux, Hama Amadou aurait été tout simplement écarté de la course dès le départ.

Le chef de l’Etat doit être gêné aux entournures

C’est donc à l’honneur du Niger. En tout cas, on imagine bien ce que serait devenu ce pays si le président sortant avait pu réaliser son coup « K.-O. ». Sans doute aurait-on assisté à un chaos d’autant plus qu’au lendemain du scrutin, la coalition de l’opposition COPA 2016 avait annoncé qu’elle refuserait les résultats publiés par la CENI, l’accusant d’avoir « trahi » le pays et de rouler pour le camp présidentiel. Au cours d’une conférence de presse, elle avait même appelé, en plus de plusieurs Organisations de la société civile (OSC), les Nigériens à « se mobiliser et à résister ». Un tel scénario aurait semé la violence avec à la clé des vies humaines fauchées. Donc pas de coup « K.-O. », pas de chaos pour le Niger, pourrait-on dire. Et c’est tant mieux ainsi. A présent qu’il est certain d’avoir un second tour, que va faire maintenant Mahamadou Issoufou ? Va-t-il accorder la liberté provisoire à son principal rival pour que ce dernier puisse battre normalement campagne ou va-t-il le maintenir en prison ? Difficile de répondre à ces questions, mais l’un dans l’autre, le chef de l’Etat doit être gêné aux entournures, étant donné qu’il affronte un adversaire politique qui n’a pas les mêmes chances que lui et qui plus est, a les mains liées.

Colette DRABO

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Dr Hassane Idrissa Souley 1 mars 2016 at 8 h 45 min

Niger : Election 2016, fraudes et maraudes
Les élections 2016 ont deux particularités.
Le grand désaveu des populations vis-à-vis du président sortant Monsieur Issoufou Mahamadou et leur farouche détermination à le chasser par la fenêtre et en ouvrant grandement les portes à son Principal Challenger, Son Excellence Hama Hamadou, qu’il a séquestré en abusant de la force publique pour l’empêcher de battre campagne.
Le résultat est sans appel. Dans tous les bureaux de vote qui ont régulièrement fonctionné de par le monde, Hama Hamadou, le prisonnier politique venait en tête avec un résultat qui triple celui des autres. Par exemple dans tous les bureaux de vote de Niamey, Hama avait entre 70 et 90% des voix. La même tendance a été remarquée dans toutes les autres régions.
Paniquée, le régime s’est vite attelé à mettre en œuvre sa machine de fraude.
Dejà, il a fait des pieds et des mains pour acquérir la complicité de la CENI (Commission électorale nationale dite indépendante) dans la manipulation des résultats, assuré déjà qu’il est, de l’adhésion en amont, de la Cour Constitutionnelle qui a été depuis le début, le maillon principal de la chaîne de mal-gouvernance qui a jalonné les cinq années du règne de Issoufou Mahamadou.
On se rappelle que c’est la CENI qui a permis, à mi-parcours, de déceler les premiers indices de fraude opérée par le régime à travers la CFEB (La Commission chargée de l’établissement du fichier électoral) en commanditant l’audit de ce fichier par l’OIF. Elle a ainsi permis de mettre en évidence l’existence de plus de un million cinq cent mille (1 500 000) électeurs fictifs, repartis dans des bureaux fictifs dont les PV des votes fictifs ont déjà été établis par les régimes depuis plus de deux ans. Il n’attendait que le jour du vote pour les publier.
Cette résistance inattendue de la CENI a failli compromettre le plan machiavélique du régime qui est engagée dans la logique de la terre brulée (ou je passe, ou tout se casse). Aussi, il soumettrait l’institution à la pression de l’argent et du chantage.
Le président céda, mais les membres responsables refusèrent de le suivre. Le Rapporteur Général, le Conseiller Juridique et plusieurs autres personnalités démissionnèrent pour ne pas cautionner le programme de fraude que le régime insistait à mettre en place, à travers « le vote par témoignage » qui est un système permissif par lequel on peut faire voter n’importe qui à la place des vrais électeurs.
L’Histoire leur a donné raison.
Deux paradoxes : le jour du vote très tôt le matin, les populations sont sorties avec une mobilisation jamais vue dans le pays pour chasser le régime. C’est sans compter avec la complicité de la CENI avec le régime. Les bureaux ne vont ouvrir au plus tôt qu’à 10 heures, certains jusqu’à 18h. D’autres, près du tiers des bureaux de vote, ne purent ouvrir que le lendemain en violation de la loi électorale qui limite le scrutin à une seule journée, pour éviter qu’un même électeur ne puisse voter à deux endroits différents.
Les problèmes ne sont pas limités au retard anormal. Plusieurs bureaux de vote n’avaient ni le personnel ni le matériel requis, y compris les bulletins de votes des partis de l’opposition, l’encre indélébile, les lampes pour l’éclairage dans la nuit. A Bermo, Maradi, à Bosso à Niamey et dans beaucoup de régions, il n’y a même pas de formulaires pour l’établissement des PV des scrutins. Il est demandé aux membres du bureau de laisser tomber, car le PV est déjà établi ailleurs. Dans ces mêmes zones, il est arrivé que des militaires ou des civils agents du régime, arrachent les urnes pour s’enfuir avec. Plusieurs agents du régime ont été arrêtés par la gendarmerie et la police en possession de milliers fausses cartes d’électeurs et en compagnie de camions remplis d’expatriés qui passaient de bureaux en bureaux pour les faire voter à la place des vrais électeurs ou sur des listes additives.
Tout cela n’a pas empêché aux populations de braver l’adversité pour tenter d’exercer leur droit de sanctionner le régime pour son incurie et sa mauvaise gestion. Les bureaux ont fermé partout alors que les vrais électeurs étaient massés au dehors.
Pour les contrarier, le régime avec la complicité acquise de la CENI, a ramené les dispositifs initiaux qui ont été démantelés la première fois avec l’audit de l’OIF. Il s’agit des bureaux fictifs et des PV de votes fictifs. Ainsi dans toutes les régions des milliers de bureaux fictifs ont été réintégrés dans le fichier électoral (2500 pour la seule région de Zinder). Ainsi au lieu 5000 bureaux de vote officiellement retenus par l’audit de l’OIF, à la proclamation des résultats, on s’est retrouvé avec 7500 bureaux de votes. Dans d’autres bureaux, il y a plus de bulletins dans les urnes que le nombre de votant. C’est le cas entre autres, du bureau de vote 00 où a voté le président sortant. Il y a avait 135 électeurs, au dépouillement on y a trouvé 165 bulletins, soit « un bonus » de 30 voix.
Ainsi, un peu partout, le résultat annoncé est sans aucune commune mesure avec la réalité des votes.
Pire, la CENI tronquée de ses membres critiques, selon les observateurs, a mis de côté les vrais PV pour annoncer les PV frauduleux préparés d’avance, par le régime. Et, malgré tout, il n’a pas pu dépasser les 30%. Or, l’objectif affiché et recherché est d’arriver un passage au premier tour du président sortant, quels que soient les moyens et la pression à mettre sur les différents acteurs. Voilà pourquoi la CENI tarde à donner les résultats définitifs, alors que tous les rapports étaient disponibles depuis hier.
Elle est prise entre l’étau du régime qui le presse à publier les faux résultats à la place des vrais et celui des parties prenantes qui détiennent les PV des vrais bureaux.
Wait and see !
Voilà la situation réelle des élections au Niger.
Que Dieu nous protège.

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