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PRESIDENTIELLE 2020 : « Je suis prêt à être candidat» (Kadré Désiré Ouédraogo)

 Ceci est le  discours de Kadré Désiré Ouédraogo prononcé le 16 février dernier à Bobo-Dioulasso. Dans ledit  discours, il  annonce sa candidature à la présidentielle de 2020.

« Mes frères et sœurs, bonjour, merci et bienvenue à tous dans la belle ville de Sya!
Avant tout propos, permettez-moi de dire bravo à la ville de Bobo-Dioulasso qui nous accueille si bien en ce jour.
Oui, Bobo, ville pétrie d’Histoire : ville de Sadiki Sanou , de Mollo Sanou, de Tiofo Amoro, de Guimbi Ouattara ;
Bobo, ville de la construction politique du Burkina Faso : ville de Ouézzin Coulibaly, ville de Nazi Boni, ville de Ali Barro ;
Bobo, capitale culturelle du Burkina Faso : ville de Mama Konaté, ville de Drissa Koné, ville de Tidiane Coulibaly, ville de Victor Démé, ville de Amety Méria, ville de Salia Sanou, ville de Aguibou Bougobali Sanou, ville de Dja Vérité, ville de Chocky.
Bobo, ville des talents : ville de Noaga Ouédraogo, de Ouattara Batiéba, de Sidiki Diarra, de Rahim Ouédraogo, de Bertand Traoré, de Check Amed Sanou alias Iron Bibi ;
Bobo, Capitale économique du Burkina Faso, et carrefour des échanges de
l’Afrique de l’Ouest;
Bobo, ville de tolérance et de paix ;
Bobo, symbole de l’unité et de la renaissance du Burkina Faso !

Oui, Bobo, je te salue, et à travers toi, mon peuple, dans sa diversité ethnique, culturelle et religieuse, mais qui ne fait qu’un.
Je remercie les populations des Hauts-Bassins et des régions avoisinantes qui nous accueillent en frères, et dont l’hospitalité généreuse se mesure à l’immense foule ici rassemblée. Merci aux anciens, merci aux femmes, merci aux jeunes pour leurs messages, leur soutien et leurs encouragements.
Je veux dire merci aux organisateurs et à tous ceux qui ont œuvré à rendre possible cette rencontre historique.
Merci aux porteurs d’initiatives pour leur vision, leur courage, leur détermination à servir le Burkina Faso. Merci à eux pour les mots aimables prononcés à l’endroit de ma modeste personne. J’ai eu parfois, en les écoutant, le sentiment qu’il ne s’agissait pas de moi, mais d’une personne sortie de leurs rêves et de leurs souhaits. Cependant, leur appréciation m’honore et m’oblige à tout mettre en œuvre pour ne pas les décevoir.
Merci à toutes et à tous !
Oui, les messages et les appels répétés ici ou discrètement transmis et qui émanent de toutes les couches socio-professionnelles du Burkina, je les ai entendus, médités et analysés.
Ils traduisent tous un profond désir de changement, un profond attachement à notre pays, et une détermination sans faille à le servir avec dévouement et désintéressement.

Mes frères et sœurs,
Notre pays traverse une situation politique, économique et sociale difficile.
Par de nombreuses erreurs ou fautes commises délibérément ou non et dont nous sommes tous responsables (encore que certains soient plus responsables que d’autres), par nos actions individuelles et collectives, nos paroles et comportements, et souvent par notre silence complice, notre pays le Burkina Faso est dans une situation inacceptable dont il convient de sortir au plus vite si nous voulons réserver aux générations futures le pays de paix, de bravoure, d’honneur et d’entente que nous ont légué nos ancêtres.
L’on voit ainsi se développer l’incivisme, la corruption, le chacun pour soi, l’injustice et les inégalités sociales, l’exclusion et l’insensibilité des cœurs à la détresse d’autrui.
Notre société est caractérisée par de nombreuses fractures, des rancœurs, voire des haines ouvertes ou cachées, des frustrations diverses qui font le lit de la violence, de l’indiscipline, du manque de cohésion sociale, de la politique de la courte échelle ou de la tricherie, ainsi que la défiance de l’autorité de l’Etat, de l’abandon de l’amour du travail et des idéaux de justice et d’intégrité.
Les grèves à la chaîne, les revendications souvent maximalistes des populations ne sont que la résultante d’une gouvernance générale défaillante qui a besoin d’être revue.
Ce climat social malsain a déteint sur la jeunesse particulièrement celle estudiantine et scolaire qui adopte souvent des postures de défiance vis-à-vis de l’autorité ou simplement de manque de respect pour les aînés, ce qui est contraire à notre culture et à nos traditions.
A ce climat social en effervescence, s’est greffé ces dernières années le phénomène du terrorisme qui met à mal la paix et la sécurité des paisibles habitants, menace l’intégrité territoriale et compromet gravement le développement économique dans une grande partie du territoire national.
Je m’incline une fois de plus devant la mémoire de toutes les victimes du terrorisme, terrorisme que je condamne avec la dernière énergie. Je m’associe à la douleur des familles endeuillées.
Sur le plan économique, la saine gestion des ressources naturelles, ainsi que la rigueur dans la gestion des ressources financières et du patrimoine national, pourtant indispensables à un développement digne de ce nom, sont gravement compromis par l’insouciance, l’incompétence, voire le mépris de la chose publique, ouvrant la voie à une course effrénée au profit et au gain faciles dans laquelle les plus faibles sont piétinés par les plus forts.
Si l’on ajoute à tout cela, le manque d’infrastructures scolaires, de santé, de routes, d’électricité et d’eau, l’on comprend la difficulté d’assurer le progrès économique dans un environnement si peu propice, d’où la nécessité d’une action plus décisive et novatrice.

Sans minimiser ni ignorer les efforts déployés à ce jour par le gouvernement et l’ensemble des acteurs politiques et sociaux du moment, force est de reconnaître que notre cher pays le Burkina Faso est à la croisée des chemins dans son évolution politique et sociale. Certains chemins peuvent nous conduire à une impasse lourde de dangers. D’autres chemins peuvent assurément nous conduire vers le progrès et la paix, dans une unité nationale retrouvée et renforcée.
Les nombreux défis, non encore relevés auxquels fait face le Burkina Faso, font craindre le pire à tous les citoyens conscients et aux hommes et femmes animés d’un profond désir de voir notre pays éviter les écueils qui malheureusement s’accumulent chaque jour sur notre route.
C’est pourquoi des initiatives démocratiques et républicaines s’avèrent nécessaires pour fédérer les efforts des hommes et femmes de bonne volonté, jeunes et vieux, en vue de stabiliser, d’apaiser, la situation et, par une action décisive et un changement radical de mentalités et de comportements, faire retrouver au pays, les valeurs qui l’ont toujours caractérisé : le travail, la discipline, l’intégrité, la solidarité et la justice.
Oui, je me fais l’écho de ces initiatives et vœux porter la voix de ceux qui veulent proclamer :
1- que toute action politique et sociale doit s’inscrire dans le respect de la Constitution et des principes démocratiques généralement reconnus ;
2- qu’une nation ne peut se bâtir dans l’injustice, la haine, la tricherie, l’exclusion ou l’indifférence des uns vis-à-vis des autres ;
3- Qu’une nation ne peut se construire sans un travail appliqué et efficient de ses fils et filles, fruit d’une bonne formation et éducation de la jeunesse et d’une saine gestion des ressources humaines;
4- qu’une nation ne peut s’épanouir sans une réelle liberté pour tous : liberté de pensée, de croyance, d’action et d’association, mais une liberté qui respecte l’intérêt commun et prend en compte le devoir de solidarité ;
5- que la liberté d’entreprendre et la propriété privée doivent être garanties, mais que l’Etat doit veiller à ce que le devoir de solidarité envers les plus démunis soit pris en compte dans la politique de redistribution des richesses nationales ;
6- que la sécurité de tous et de chacun doit être garantie par l’Etat qui doit jouer pleinement son rôle de garant de l’ordre et de la loi, et de l’intégrité territoriale du pays ;
7- qu’une saine gestion des ressources et du patrimoine national est la base fondamentale de l’action gouvernementale;
8- qu’une répartition équitable des fruits du travail national est un devoir pressant de l’Etat ;
9- que l’autosuffisance alimentaire est la première garantie de la souveraineté et de l’indépendance nationales ;
10- Que l’accès de tous aux besoins sociaux de base (santé, éducation, logement) doit constamment guider l’action des gouvernants ;
11-que tous les Burkinabè doivent jouir des mêmes droits sans
discrimination de quelque nature que ce soit ;
12-que des infrastructures de qualité sont la base essentielle et indispensable de toute économie prospère ;
13-qu’une nation forte ne peut se bâtir que sur des valeurs fortes et partagées, tirées de la diversité culturelle et de l’identité nationale
Et qui sont convaincus que notre pays ne peut évoluer en vase clos et vit dans une région et un continent dont l’intégration est indispensable à un développement rapide, et que cette intégration est en réalité la seule stratégie viable à terme et par conséquent doit être poursuivie avec courage et détermination.
Sur la base de ces principes, une véritable action politique et sociale doit être engagée pour faire face résolument aux défis du moment en se basant sur les piliers suivants qui sont le fondement même et la condition du succès :
– favoriser la réconciliation nationale ;
– assurer le respect des droits humains et des libertés ;
– restaurer l’autorité de l’Etat ;
– assurer la défense de l’intégrité territoriale du pays, la sécurité de ses habitants et de leurs biens ;
– assurer une justice indépendante et accessible à tous ;
– engager la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite ;
– repenser l’éducation et la formation en orientant en priorité les moyens vers l’enseignement et la recherche ;
– revoir le système de santé pour garantir à tous l’accès à des soins de qualité ;
– promouvoir une agriculture performante dans un environnement durable ;
– veiller à l’édification d’infrastructures institutionnelles et physiques dans tous les domaines en insistant sur l’énergie, les transports et la communication, afin de soutenir l’industrie et le commerce ;
– favoriser l’essor de l’économie numérique et une meilleure connexion au monde par les nouvelles techniques d’information et de communication
– réorganiser la fonction publique et assurer l’efficacité du service public ;
– veiller à une gestion transparente des biens publics et une rigueur sans faille dans la gestion financière et comptable de l’Etat et ses démembrements ;
– instaurer un environnement macro-économique propice à l’investissement et à l’épargne ;
– donner les moyens nécessaires aux Forces de défense et de sécurité pour garantir efficacement l’intégrité territoriale du pays ainsi que la protection des personnes et des biens ;
– s’engager résolument dans les stratégies d’intégration régionales en exigeant l’application par tous des décisions en la matière.

Oui, mes frères et sœurs, chers compatriotes, je partage pleinement ces principes et objectifs, et je suis prêt à être le porte-étendard de ces idéaux et des hommes et femmes qui les portent, des partis politiques qui les partagent.
Oui, si Dieu me prête vie, je suis prêt, le moment venu, à être leur candidat aux élections présidentielles de 2020.
La raison profonde de mon engagement, c’est mon profond amour et respect pour ce pays et le sentiment que c’est un devoir pour chacun de ses fils et filles de contribuer au maximum de ses capacités, à son essor et à son progrès, car ce que nous sommes aujourd’hui, nous le devons à notre pays et ce n’est que justice que nous nous acquittions de cette dette envers lui, surtout dans les situations difficiles comme celle que nous vivons.
Je mesure la complexité et l’immensité des défis auxquels nous sommes confrontés. Mais personne ne viendra les résoudre à notre place, et c’est une responsabilité historique pour notre génération que de redresser la situation et céder aux jeunes générations un pays uni, apaisé, assaini et résolument tourné vers le progrès.
Oui, nous le pouvons si nous parvenons à transcender nos querelles de clocher, nos rancœurs, nos divergences et antagonismes pour parvenir à une réconciliation véritable et à une paix des cœurs.
Nous le pouvons si nous faisons en sorte que chaque Burkinabè se sente citoyen à part entière, respecté et partie intégrante de notre nation sans discrimination aucune, et qui ait les mêmes opportunités de faire valoir ses talents dans les recrutements, les marchés publics, les bourses d’études, les projets et autres initiatives en étant sûr de la transparence de la sélection.
Nous le pouvons si nous avons un Etat fort, capable d’assurer la primauté du droit et la protection de chacun par une justice indépendante, impartiale et équitable, accessible à tous. Nous le pouvons si nous instaurons une gouvernance qui redonne confiance au citoyen et si nous dépolitisons l’administration publique pour la mettre au service du seul intérêt supérieur de la nation.
Nous le pouvons si nous replaçons notre jeunesse au cœur du moteur de la transformation sociale en lui donnant la formation, l’éducation et les emplois nécessaires à sa participation à l’œuvre de construction nationale.
Nous le pouvons si nous instaurons un dialogue ouvert et sincère avec toutes les forces vives de notre pays pour faire émerger des solutions qui soient des compromis acceptables pour tous.
Nous le pouvons si nous sommes capables de beaucoup de solidarité entre nous et favorisons la pleine participation des femmes grâce à une véritable libération culturelle et économique.
Mais nous le pourrons surtout si nous nous mettons résolument au travail, chacun exerçant sans faille les responsabilités qui sont les siennes, car seul le travail acharné, méthodique, dans la discipline, la rigueur et la probité peut sortir notre pays de l’ornière.

Mes chers frères et sœurs,
Vous voyez que ce n’est pas là des tâches que peut accomplir une personne seule, fut elle la plus sage et la plus expérimentée possible. Le succès n’est possible que par un engagement collectif à nous améliorer, à nous rassembler et à agir dans la même direction.
Oui, j’appelle à l’action tous les Burkinabè de bonne volonté : hommes, femmes, jeunes et anciens, paysans, ouvriers, artisans et artistes, commerçants et opérateurs économiques, travailleurs des secteurs publics et privés.
Que tous ceux qui, pour des raisons diverses et notamment la perte de confiance aux acteurs politiques et à la façon de faire la politique dans notre pays, sont restés à l’écart de la vie publique, saisissent cette occasion pour se mettre debout et se battre, pour changer la façon de concevoir les rapports humains dans notre société, et livrer tout le potentiel qui est en eux et qu’ils ont l’impérieux devoir de mettre au service de la communauté.
Je les invite à se regrouper, à s’organiser et à engager le combat pour que ces idéaux soient portés et défendus aux cours des consultations électorales de 2020.
Invitation est faite à tous sans distinction de statut, de genre, de croyance religieuse, à :
-vouloir oser l’action pour la cause commune ;
-être prêt à donner le meilleur de soi pour un avenir radieux pour les générations actuelles et futures ;
-participer à la construction d’un Burkina Faso nouveau, de paix, de concorde et de fraternité retrouvée ;
-à faire la politique autrement ; !
– à oser un nouveau départ.
Oui, je lance un appel à tous à la mobilisation au service de notre pays. Quant à moi je resterai humblement dans l’écoute de notre pays, de ses habitants dans ses régions et ses bourgades, pour continuer à apprendre, afin de contribuer à transformer, à modifier ce qui doit l’être, pour placer notre pays sur le chemin de l’émergence.
Mon engagement avec vous est total et je vous demande à tous de m’accompagner.
Merci à tous
Que Dieu bénisse notre pays, le Burkina Faso! »

Bobo-Dioulasso, le 16 février 2019

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