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MAINTIEN DES DROITS CIVIQUES DE WADE FILS : Sall laisse toujours ses chances à Karim Wade

La condamnation de Karim Wade par la Cour de répression d’enrichissement illicite (CREI), le lundi 23 mars dernier, est tombée comme un couperet sur la tête de son géniteur Abdoulaye Wade, qui refuse jusque-là d’accepter le verdict. Pour l’ancien président sénégalais, son fils a été victime d’une parodie de justice. Et il entend remuer ciel et terre pour l’extirper des fourches caudines de la justice. Mais il semble s’y prendre mal. Car, pendant que les avocats de Wade fils veulent se pourvoir en cassation, Wade père veut utiliser la rue pour obtenir la libération de l’ex-ministre « du Ciel et de la Terre ». Et il faut craindre pour la paix au Sénégal. Faut-il le rappeler, le président Macky Sall avait prévenu qu’il serait ferme à l’endroit des fauteurs de trouble. C’est dire que si le camp de Wade persiste et signe, le Sénégal risque de sombrer dans une spirale de violence.  On ne le souhaite pas mais si cela se produisait, Wade père en serait le premier responsable. Nul n’est au-dessus de la loi, dit-on. Et Karim Wade ne saurait faire l’exception, fût-il un fils d’ancien président. En homme de droit, Wade père sait pertinemment que dans un Etat de droit, la meilleure voie pour contester une décision de justice ne saurait être la rue. Si chaque Sénégalais insatisfait d’un verdict de justice devrait recourir à la rue, quelle serait l’utilité des institutions judicaires? Dura lex sed lex, dit-on, et Wade qui fut le premier juriste du Sénégal, doit savoir que dans une nation républicaine, une décision de justice doit s’appliquer à tous. Il est certes difficile pour un père d’assister à la descente aux enfers de son fils, mais l’amour paternel ne doit pas non plus prendre le pas sur la raison. Car il est fort à parier que si c’était un autre militant du PDS qui était condamné, Wade n’aurait pas déployé autant d’énergie pour le défendre. On peut même dire qu’il a ravi la vedette aux pro-Gbagbo en Côte d’Ivoire, experts en contestations. Car, eux au moins, même condamnés à 20 ans de prison pour certains, ont eu le mérite d’user des voies de recours légales. A vrai dire, les agissements de Gorgui achèvent de convaincre qu’il a été un accident de parcours dans l’histoire de la démocratie sénégalaise. Il refuse que la loi s’applique à son fils, en arguant que la CREI a été utilisée par Macky Sall pour assouvir sa vengeance. N’est-ce pas là, chercher des poux sur un crâne rasé, quand on sait que la CREI n’a pas été créée par son successeur, mais plutôt par Abdou Diouf et qu’il aurait pu, durant sa décennie de règne, la supprimer si tant fut qu’il estimât qu’elle était anachronique dans l’ordonnancement juridique du Sénégal ?

 

C’est une chance inouïe que la CREI a accordée à Karim Wade

 

La qualité ou la légitimité de la CREI est moins un problème pour Wade que le verdict qu’elle a prononcé. Cela est d’autant plus vrai que si elle avait acquitté Karim Wade, son père ne se serait pas dressé sur ses ergots. Pour tout dire, Wade doit savoir raison garder, car ce n’est pas en se livrant à un activisme politique débordant qu’il pourra faire libérer son fils. Bien au contraire, ce dernier risque même d’amenuiser ses chances de bénéficier d’une grâce présidentielle. Il risque également, si son père continue sur cette lancée, de fragiliser davantage le PDS, car la candidature de Karim Wade à la présidentielle n’a pas cessé de provoquer des grincements de dents au sein dudit parti. En tout état de cause, Wade père doit se réjouir du fait que son rejeton n’a pas été privé de ses droits civiques. D’ailleurs, on a envie de dire que le maintien des droits civiques de Karim Wade est une manière pour Macky Sall de l’inviter dans l’arène politique, une fois qu’il aura purgé sa peine. Au regard de la nature des chefs d’accusation, on peut, sans trop de risques de se tromper, dire que c’est une chance inouïe que la CREI lui a accordée. Sous d’autres cieux, c’en serait fini pour la carrière politique de Karim Wade. La CREI a certainement voulu couper l’herbe sous les pieds de Wade père qui avait vite qualifié ce procès de cabale politique pour écarter son fils de la course à la présidentielle sénégalaise. En ne le privant pas de ses droits civiques, la CREI permet à Karim Wade de se mesurer  ultérieurement à Macky Sall. Et s’il est battu, comme ce pourrait bien être le cas, son père  ne devrait plus rien avoir à dire.

Dabadi Zoumbara

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