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JUBILE DE LA MISERICORDE : les évêques rwandais demandent « pardon » pour le génocide

Vingt-deux ans après le génocide rwandais, au cours duquel 800 000 personnes ont trouvé la mort, l’Église catholique a demandé pardon pour son rôle dans ces crimes, à l’occasion de la fin du Jubilé de la miséricorde.

 

A l’occasion de la clôture du Jubilé de la miséricorde, l’Église catholique du Rwanda  vient de se regarder à nouveau dans la glace. Dans une lettre de trois pages, signée par tous les évêques du pays, elle  a demandé, ce week-end, « pardon » pour son attitude pendant le génocide qui a frappé le pays, il y a 22 ans. Dans ce texte en 14 points, lu dimanche dans toutes les églises du pays, l’Église reconnaît ainsi la nécessité de « regarder l’histoire en face et de l’accepter ».

« Même si l’Église n’a envoyé personne les armes à la main, nous, évêques catholiques en particulier, demandons pardon, encore, pour les membres de notre Église (…) qui ont joué un rôle dans le génocide de 1994 contre les Tutsis », peut-on lire dans ce texte rédigé en kinyarwanda, et qui doit désormais être traduit en français et en anglais, les deux autres langues officielles du pays.

« Nous demandons pardon pour tous les pasteurs qui ont causé des conflits et semé des graines de haine parmi leur peuple », écrivent encore les évêques rwandais. « Nous ne pouvions pas parler de miséricorde sans demander pardon pour le génocide », explique à La Croix Mgr Philippe Rukamba, évêque de Butare et président de la Conférence des évêques catholiques du Rwanda.

Le rôle de l’Église catholique dans le génocide est au centre de l’attention depuis plusieurs années. Elle  a été plusieurs fois mise en cause pour sa proximité avec le régime d’alors, hutu. « Après le génocide, le rôle des Églises, et tout particulièrement celui de l’Église catholique, a suscité une controverse en raison notamment de la proximité politique qu’entretenait sa hiérarchie avec l’ancien pouvoir », explique Benoît Guillou, sociologue qui a longuement travaillé sur le pardon au Rwanda.

Des prêtres et religieuses inculpés et condamnés

Pendant le génocide de 1994, qui a fait environ 800 000 morts en trois mois, selon l’ONU, des églises ont été le théâtre de tueries de masse, et plusieurs prêtres et religieux rwandais sont actuellement jugés pour participation au génocide. Le Tribunal pénal international a ainsi inculpé quatre prêtres, tandis qu’en Belgique, deux religieuses ont été condamnées en 2001 à 12 et 15 ans de prison…

La démarche de l’Église catholique rwandaise se situe dans le droit fil d’une demande de pardon entamée il y a plusieurs années. Le premier mea culpa, encouragé par Jean-Paul II, remonte en effet à l’an 2000. « Cette année-là, des célébrations se sont succédé au Rwanda, les religieux exprimant par exemple le besoin de se confesser’», explique Benoît Guillou.

Lors de la clôture de l’année jubilaire, en février 2001, les neuf évêques du pays se succèdent pour demander pardon, devant 20 000 personnes réunies au stade Amahoro, à Kigali. « Ces actes publics de repentance marquent une évolution positive de l’institution vis-à-vis de son passé mais ils restent prudents et timorés. La relation entre vérité, justice et pardon est souvent difficile, voire complexe et ambiguë », souligne encore le sociologue.

« Nous avons demandé pardon en 2001, cette année, et nous recommencerons en 2019, pour les 25 ans du génocide. Je sais bien que, dans la mémoire collective, l’Église comme institution a été du côté des génocidaires. Mais c’est faux. Il s’agit de certains membres. Il nous faut continuer à le dire et à le redire », insiste Mgr Rukamba

 

La-croix

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