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DISCOURS DU PRESIDENT CONGOLAIS DEVANT LES DEPUTES: quand Kabila ruse avec le peuple

Le président congolais, Joseph Kabila, a-t-il ouvert les portes de l’enfer à son peuple? Cette question mérite bien d’être posée, au regard du contenu de son discours devant les députés, hier, 15 novembre 2016.  En effet, alors que beaucoup attendaient que le président en fin de parcours dise haut et fort qu’il fera valoir ses droits à la retraite au terme de son mandat constitutionnel, il est plutôt resté évasif et a dressé un bilan de ses quinze ans au pouvoir. En tout cas, il n’y a pas eu de sursaut d’orgueil comme certains Congolais pouvaient l’attendre. Kabila a certes parlé à son peuple, mais il ne l’aura pas rassuré sur sa volonté ou non de quitter le palais de marbre dans les délais constitutionnels. Loin s’en faut, le ton martial de son discours montre que l’homme fort de Kinshasa est resté droit dans ses bottes. Il laisse penser qu’il est prêt à marcher sur des cadavres pour prolonger son bail à la tête de l’Etat. Et l’on comprend la grande déception de ceux qui croyaient Kabila encore capable de sauver son pays d’un éventuel chaos. Car le moins que l’on puisse dire, c’est que Kabila a raté l’occasion de désamorcer la bombe sociopolitique et il faut craindre le pire pour la RDC. En livrant un discours creux, sinon de va-t-en-guerre dont il aurait pu se passer, Kabila veut ainsi dresser un bûcher ardant sur le chemin de la paix et qui, si rien n’est fait dans le sens d’apaiser le climat sociopolitique en ébullition depuis les massacres des 19 et 20

septembre 2016, risque d’embraser tout le Congo. Si Thanatos venait à élire domicile en République démocratique du Congo, ce serait par la faute de Kabila.

 

Kabila aurait tort de vouloir opérer un passage en force

 

Ce discours risque bien fort d’entraîner le pays dans une spirale de violences. Car, s’il contente les Raspoutine du prince régnant, il ne manquera pas à coup sûr de mettre davantage en colère les opposants qu’il accuse de manipuler une frange de la population.  Avec une telle adresse aux élus du peuple, l’on ne serait pas surpris qu’au lieu d’un carton jaune que l’opposition compte décerner à Kabila le 19 novembre prochain, ce soit plutôt un carton rouge. Car, on a le sentiment que Kabila ruse avec le peuple, oubliant qu’il pourrait en  être la principale victime. Comme le dit l’adage, « au bout du fossé, la culbute ».  En faisant durer le suspense sur ses vraies intentions même si elles semblent déjà connues, Kabila fils sème davantage le doute dans l’esprit des Congolais. L’on pourrait dire que ce discours au ton guerrier est aussi la preuve que le chef de l’Etat congolais ne veut pas d’un dialogue inclusif. Cela est d’autant vrai qu’il a promis de nommer incessamment un nouveau Premier ministre. Certes, il prétexte être mu par le souci de mettre rapidement en œuvre l’accord politique arraché avec une partie de l’opposition et qui fixe l’organisation de la présidentielle en 2018, mais cet accord boiteux peut-il mettre fin à la crise sociopolitique que traverse le pays? Assurément non. En fait, si Kabila agit ainsi, peut-être est-ce parce que l’homme est  allé trop loin pour faire marche arrière. Or, il aurait tort de vouloir opérer un passage en force. En tout état de cause, on peut encore sauver le soldat Kabila, pour peu qu’il fasse preuve de contrition et s’engage clairement à quitter le pouvoir pacifiquement et dans les meilleurs délais.

 

Dabadi ZOUMBARA     

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