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CONFLITS FONCIERS AU MALI : L’équation malienne se complique davantage

 

 

Dans la région administrative de Mopti, au Mali, un conflit entre paysans a fait une quinzaine de morts et plus d’une quarantaine de blessés. En cause, des terres cultivables revendiquées par deux communautés voisines, un litige foncier qui perdure depuis des années. D’aucuns estiment qu’une récente décision judiciaire est à l’origine du conflit tandis que pour d’autres, cette décision se fait toujours attendre. En tout état de cause, l’équation malienne se complique davantage. D’autant que le contexte sociopolitique dans ce pays, est fortement délétère. De la situation sécuritaire au Nord-Mali en passant par les conflits récurrents au Centre du pays et la création de milices d’autodéfense ethniques, le pays de Soundiata Kéita ne sait plus où donner de la tête. En tout cas, ce nouveau conflit est une épine de plus au pied de Bamako. Le plus souvent, les conflits intercommunautaires sont le fait de l’absence de l’Etat. Le pouvoir politique est tellement centralisé dans les capitales africaines, qu’il est difficile d’anticiper quoi que soit sur le reste de l’étendue du territoire national. Pour toute peccadille, il faut en référer à l’Etat central et attendre les instructions de celui-ci. Si fait que la cocotte-minute a tout le temps d’exploser, avant toute action gouvernementale. Et c’est alors que les décideurs politiques se mettent à accourir, en bons « médecins après la mort ». Pourtant, dans bien des cas, ces crises peuvent être étouffées dans l’œuf dès le début, si de bonnes mesures sont prises en amont.

Il est plus que nécessaire que l’Etat reprenne ses droits

Le laxisme doublé du manque d’anticipation ne peut être toléré. Cela dit, la corruption nourrit également les conflits sur le continent. C’est bien connu, la morale a foutu le camp à telle enseigne que lorsque les crises éclatent, certains y voient le moyen d’en tirer des dividendes ; si fait qu’au lieu de chercher à juguler la crise, ils font tout pour que celle-ci perdure. Au-delà du Mali, les conflits intercommunautaires sont légion dans la sous-région. C’est dire que plus de 60 ans après les indépendances, la question foncière demeure un problème. Cela s’explique en partie par la superposition du droit coutumier au droit dit positif. En effet, dans bien des pays, il n’y a pas de nette séparation entre les deux. A cela, il faut ajouter  l’immixtion quotidienne du politique dans les affaires coutumières.  Et c’est souvent l’argument brandi pour justifier la création des milices armées. La dernière-née en date au Mali, est « l’Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peule et la restauration de la justice (ANSIPRJ) », dirigée par Oumar Aldjana. Ce qui constitue un précédent dangereux. Si chaque groupe ethnique venait à prendre les armes, la situation finirait par être intenable. Heureusement, on n’en est pas encore là. C’est dire que Bamako a intérêt à prendre toute la mesure du péril. Il est plus que nécessaire que l’Etat reprenne ses droits afin de désamorcer ces « bombes latentes » qui peuvent exploser à tout moment.

Thierry Sami SOU

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