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CONFLITS COMMUNAUTAIRES A ARBINDA : plus de 100 morts, selon le Collectif contre la stigmatisation des communautés

Le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) a animé,  ce  11 avril 2019, une conférence de presse pour dénoncer l’absence d’arrestation  101 jours après le drame de Yirgou qui a fait, selon lui, 210 morts. Par ailleurs, il s’est prononcé sur les conflits communautaires survenus à Arbinda et dresse un bilan de plus de 100 morts.

Encore une autre guerre de chiffres entre le CISC et le gouvernement. Après le drame de Yirgou où les autorités ont avancé plus d’une soixantaine de morts et  le collectif de 210 morts, voilà un autre drame sur lequel  les deux entités ne sont pas sur la même longueur d’onde. Il s’agit de celui d’Arbinda, survenu le 1e avril dernier.  En effet, le gouvernement évoque 62 morts pendant que le collectif, lui, parle plus de 100 morts, recueillis  sur la base d’informations coupées.

Pour le collectif, l’atrocité survenue à Arbinda  est due  au fait que l’Etat,  ayant fait preuve de mollesse dans le traitement du dossier de Yirgou, les milices n’ont pas hésité à récidiver puisque tout est également parti, comme à Yirgou, de l’assassinat d’un chef religieux.

Sur le cas de Yirgou, le collectif a déploré le fait que jusqu’à ce jour,   soit plus de 100 jours après le drame, aucune arrestation n’a encore été enregistrée alors que le procureur de Kaya  a pourtant  affirmé qu’au stade actuel de l’enquête, « 130 suspects sérieux ont été identifiés comme étant des personnes ayant participé aux massacres ». Pour les membres du collectif, c’est à ne rien n’y comprendre car pour des drames de moindre envergure, des personnes ont arrêtées en un laps de temps. « Nous avons vu des drames moins importants  dans d’autres localités qui ont concerné d’autres communautés,  mais les arrestations ont été immédiates… Nous avons vu ce qui s’est passé à Zabré il y a quelques années de cela où six membres d’une communauté ont été tués mais jusqu’aujourd’hui, les auteurs de ces crimes sont en prison. Les arrestations ont été immédiates. Par contre, dans ce drame de Yirgou, le plus horrible que nous ayons connu, dans lequel des personnes sont identifiées, malheureusement, il n’y a aucune inquiétude plus de 100 jours après ! », a déploré Me Ambroise Farama, avocat des familles des victimes. Aussi,  les  conférenciers ont fustigé le fait que ces  personnes identifiées continuent de circuler  avec des armes, sous le regard complice ou impuissant des Forces de défense et de sécurité (FDS). « Ces personnes  continuent de sillonner, de  circuler librement, dans  les localités,  armées,  devant les FDS. Même les Officiers de police judiciaire qui sont sur le terrain les voient. Ils continuent de circuler librement avec leurs armes sans  aucune inquiétude. Pourtant, aujourd’hui, une personne d’une autre communauté telle que la communauté peule ne peut même pas se permettre de circuler librement avec une arme. Même si l’on trouve aujourd’hui un membre de cette  communauté avec  une arme chez lui à domicile, il aura tous les problèmes », a affirmé Me Farama. Et à en croire Dr Diallo, en plus de se promener avec des armes, les suspects n’hésitent  pas à menacer des déplacés. « Pire, ces milices enlèvent, torturent et tuent certains déplacés quand l’envie leur vient. Surtout quand ceux-ci repartent sur leur lieu habituel de résidence pour chercher leur bétail qui s’y retourne », a-t-il  confié tout en  mentionnant le cas d’un Sadou Dicko qui a été tué le 24 février dernier.

Pour l’avocat des familles des victimes, il y a manifestement un manque de volonté politique de procéder à l’arrestation des personnes identifiées. « Est-ce parce que les Kolgwéogo sont puissants, ou  parce qu’ils sont armés ou est-ce parce qu’il y a un calcul politicien  en arrière qui fait qu’on ne souhaite pas les arrêter ? Ou est-ce l’échéance de 2020 qui préoccupe au point qu’on ne veuille  pas avoir une situation avec  un gouvernement en opposition avec les kolgwéogo ? Ce sont autant de questions et nous pensons que cela est inquiétant », s’est interrogé  Me Farama pour qui l’on est face  à « une justice à double vitesse ».

En tout état de cause, le collectif a  exigé justice pour le double crime de Yirgou et Arbinda,  une cessation immédiate des exécutions extrajudiciaires en cours et l’ouverture d’enquêtes indépendantes pour situer les responsabilités sur les crimes commis à Banh et dans les  localités  du Nord, dans le Mouhoun et l’Est. Aussi,  le CISC a recommandé un débat national sur les questions du terrorisme et de milices d’auto-défense et une tribune afin de permettre aux leaders religieux et coutumiers de s’exprimer et interpeller les citoyens sur les violences communautaires.

Colette DRABO

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