L’occasion est belle pour le faire aujourd’hui
Cela dit, l’occasion est belle en cette période de transition et de refondation politique d’inviter l’ensemble du Burkina à mener une réflexion sur la place que doit accorder la République à la chefferie coutumière. Certes, cette institution a déjà été constitutionnalisée, mais l’on doit pousser la réflexion à l’effet d’en faire un instrument structurel de promotion de la paix et de mobilisation sociale au service de la nation entière. Mais pour en arriver là, il faut lui trouver un statut. Le Ghana et la Côte d’Ivoire l’ont déjà fait. Et le Burkina a intérêt à le faire ici et maintenant, si l’on ne veut pas prendre le risque de voir ce riche et précieux patrimoine que nous ont légué les ancêtres, être dévoyé par certains hommes politiques. En effet, si le Mogho Naaba a toujours un tel crédit, c’est parce que, quelque part, il ne s’est pas compromis avec le régime de Blaise Compaoré. Il a peut-être un penchant pour un parti politique en particulier, mais il ne le fait jamais savoir. En tout état de cause, les chefs coutumiers eux-mêmes ont intérêt à se voir accorder un statut. Un tel statut doit être élaboré de manière à leur permettre de vivre dans la dignité et à équidistance des partis politiques. Il doit être élaboré également de manière à prendre en compte toutes les composantes ethniques et régionales du pays. Car, le risque est grand de frustrer certaines communautés, dans la mise en place, par exemple, d’une chambre réservée à la chefferie traditionnelle. Même à l’intérieur d’une même communauté ou d’une même région, la désignation de la personne à siéger dans une telle chambre peut susciter une levée de boucliers. Mais de telles difficultés peuvent être gérées au mieux par le génie des Burkinabè. De toute évidence, le Burkina ne doit pas faire l’économie d’une large réflexion sur la problématique du statut de la chefferie coutumière. Et l’occasion est belle pour le faire aujourd’hui. Sur la question de l’implication des chefs coutumiers dans le jeu politique partisan, l’on sait que les avis sont partagés. Pour les uns, le chef coutumier est un citoyen qui a le droit d’avoir un parti politique et de briguer un mandat électif. Pour les autres, le chef coutumier doit être au-dessus de la mêlée. La création d’un statut de la chefferie coutumière que nous suggérons, pourrait mettre un terme à cette polémique, en prenant en compte non seulement les intérêts de l’institution, mais aussi ceux de la démocratie et de la paix sociale dans notre pays. Mais en attendant, c’est peu de rendre un hommage appuyé à l’empereur des Mossé, cette autorité morale faite de sublimité et de positivité.
Pousdem PICKOU