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CAMEROUN : le correspondant de RFI, Ahmed Abba, risque la peine de mort

Le délibéré du procès du correspondant de RFI, poursuivi pour « apologie d’acte terroriste », est attendu le 20 avril. Ses avocats dénoncent un dossier d’accusation vide.

Depuis le 30 juillet 2015 et son arrestation à Maroua, Ahmed Abba, le correspondant en langue haoussa de Radio France internationale (RFI) dans l’Extrême-Nord du Cameroun, n’en finit plus de clamer son innocence. En vain, jusque-là. Le 6 avril, après un réquisitoire express de douze minutes, le commissaire du gouvernement camerounais a requis à son encontre la peine de mort devant le tribunal militaire de Yaoundé. Le délibéré est attendu à Yaoundé jeudi 20 avril.

Qu’a donc fait cet homme d’à peine 40 ans, dont les quelques photos laissent toutes apparaître le même sourire timide, pour encourir une telle sentence (qui n’est plus appliquée depuis plus de vingt ans) ? Dans un Cameroun en guerre ouverte avec les djihadistes de Boko Haram dans sa partie septentrionale, Ahmed Abba se serait rendu coupable, selon le parquet, de « non-dénonciation et d’apologie d’acte terroriste » ainsi que de « blanchiment du produit d’acte terroriste ». Des charges qui n’ont cessé d’évoluer lors d’un procès qui est allé de renvoi en renvoi et dont le déroulé a démontré « la vacuité du dossier d’accusation », selon les défenseurs du journaliste.

Incarcéré désormais à la prison centrale de Yaoundé, Ahmed Abba a tout d’abord été détenu au secret pendant trois mois, torturé dans les locaux de la Direction générale de la recherche extérieure, les services de renseignement camerounais, comme il l’a raconté à la barre. Alors qu’il est soupçonné d’avoir entretenu des liens avec des membres de Boko Haram et de ne pas avoir partagé des informations avec les autorités, il est ensuite interrogé par la gendarmerie sans la présence de ses avocats. Le parquet le renvoie en procès devant un tribunal militaire bien qu’aucune instruction n’ait été menée. Lorsque son procès s’ouvre fin février 2016, l’accusation annonce qu’elle présentera cinq témoins qui feront « la preuve de la culpabilité » du journaliste. Ceux-ci ne se matérialiseront jamais dans l’enceinte du tribunal.

Restait alors le rapport d’un « expert en cybercriminalité », commandé par le commissaire du gouvernement. Son travail est retoqué par le tribunal qui nommera finalement un collège de trois experts dont les conclusions, présentées le 1er mars, ne permettent pas de confondre Ahmed Abba pour « complicité » avec les séides de Boko Haram…

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